Repousser les frontières de la santé par la coopération hospitalière internationale

L’un des enjeux majeurs de cette initiative repose sur la complémentarité de l’aide apportée et la réciprocité, pour les établissements français comme étrangers, des actions de renforcement des systèmes de santé.

Le PRPH4 s’inscrit dans la continuité des dispositifs de coopération hospitalière initiés il y a plus d’une décennie et soutient à cet égard des partenariats qui visent à améliorer la qualité, la sécurité et la gestion des soins hospitaliers, en misant sur la formation, la prévention et la préparation aux crises.

Au-delà des objectifs techniques, l’ambition est de faire vivre une coopération apprenante, ancrée dans les besoins des populations et la montée en compétences des équipes locales. Cette approche permet en effet aux personnels de santé de s’imprégner d’organisations des soins diverses et propres à chaque pays, en accord avec les procédures cliniques et la culture sanitaire locales avec l’objectif de mieux répondre à leurs besoins.

Par ailleurs, ce programme vise à une autonomisation des services de santé grâce à un appui sur la gestion des ressources humaines en santé, une plus grande égalité femmes-hommes, la diffusion des expériences réussies et favorise la mise en réseau avec les autres initiatives santé du Groupe AFD pour créer des passerelles durables.

Le panorama 2025 du PRPH4 illustre l’ampleur de la dynamique engagée : vingt-cinq partenariats sont mis en œuvre dans quatorze pays, principalement en Afrique de l’Ouest francophone, au Bénin, au Burundi, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Liberia, au Maroc, en Mauritanie, au Rwanda, au Sénégal et au Togo. Ce vaste réseau s’étend par ailleurs aux autres continents, avec Cuba en Amérique, le Vietnam en Asie et le Liban au Moyen-Orient.

Parmi les dix-huit établissements français partenaires, subventionnés à hauteur de 2 millions d’euros, figurent sept CHU dont ceux de l’APHP, de Rennes, de Bordeaux ou encore de Grenoble, cinq centres hospitaliers dont Annecy, Valenciennes ou Nord Essonne, quatre établissements spécialisés en santé mentale comme celui d’Esquirol à Limoges, ou de Lille, et deux établissements de santé privé, la Clinique mutualiste de la Sagesse et la fondation Saint-Hélier à Rennes.

Chacun des projets s’inscrit dans les grands axes de la stratégie française en santé mondiale. A ce titre, ces nombreux partenariats constituent des actions coordonnées en faveur du renforcement des systèmes de santé en couvrant des thématiques comme le biomédical, la prise en charge des maladies non transmissibles, ou la qualité des soins à la personne. En matière de santé des populations, une attention particulière est accordée à la santé reproductive maternelle et infantile, à la santé mentale, et à la gériatrie et médecine de réadaptation.
Enfin, pour garantir un meilleur traitement à l’échelle mondiale des pandémies, certains projets entre établissements hospitaliers déploient des ressources orientées vers la sécurité sanitaire et la lutte contre les maladies infectieuses.

Sur le terrain, chaque partenariat raconte une histoire de progrès partagé, mettant en lien un établissement de santé français, et son homologue local.

A titre d’exemple, en Côte d’Ivoire, l’établissement public de santé mentale de la Métropole de Lille accompagne l’hôpital psychiatrique de Bingerville dans le cadre d’un programme de coopération pour le développement de la psychiatrie communautaire dans le grand Abidjan.

Au Burundi, afin de prendre en charge les polytraumatismes chez les plus jeunes, le CHU de Rennes collabore avec l’hôpital militaire de Kamenge pour soigner les nourrissons au sein d’un service de chirurgie pédiatrique à Bujumbura.

Au Togo, l’APHP et le CHU Sylvanus Olympio travaillent de concert au travers du projet « One Health Togo 2 » qui illustre l’approche intégrée de la lutte contre l’antibiorésistance, en santé humaine et animale, en renforçant la prévention et le contrôle de ce phénomène via l’analyse des données de surveillance, l’évaluation de la transmission des bactéries multi-résistantes (BMR) et l’adhésion des acteurs aux mesures de lutte par l’antibiothérapie.

La Direction des relations internationales des Hôpitaux de Paris coordonne également, à Cuba, avec l’Institut de Néphrologie « Dr Abelardo Buch Lopez », un projet d’appui à la transplantation rénale dans l’archipel des Caraïbes.

Enfin, sur le continent asiatique, au Vietnam, l’Hôpital général provincial de Khanh-Hoa Benh Vien Da Kha, reconnu pour sa prise en charge des pathologies pédiatriques, est appuyé par le Groupe hospitalier Bretagne Sud de Lorient pour garantir aux nourrissons vietnamiens une prise en charge médicale tout au long de leur croissance, et ce dès la naissance, en matière de diagnostic des maladies congénitales et de technologie de chirurgie pédiatrique.

Le PRPH4 ne se limite pas à des coopérations bilatérales entre deux hôpitaux : plusieurs partenariats associent plusieurs établissements français et leurs partenaires étrangers dans une logique de consortium. Le soutien au Réseau des Hôpitaux d’Afrique, de l’Océan Indien et des Caraïbes (RESHAOC), dont la consolidation est financée jusqu’en 2027, favorise le partage d’expériences, la mutualisation des bonnes pratiques, la coopération scientifique avec des institutions françaises et le dialogue avec les décideurs nationaux pour ancrer durablement la coopération dans les politiques publiques hospitalières.

En valorisant l’expertise hospitalière française et en l’inscrivant dans des partenariats d’égal à égal, Expertise France contribue à affirmer ce savoir-faire comme un instrument de diplomatie sanitaire, pour la visibilité internationale des établissements français, la diffusion de pratiques éprouvées et la construction d’un espace francophone de santé fondé sur la confiance, la complémentarité et la recherche de solutions partagées.

Les journées de la coopération hospitalière internationale (JCHI), qui ont lieu cette année les 13 et 14 novembre 2025, visent à rassembler tous les acteurs de la CHI française et internationale pour valoriser et faire connaître les projets de partenariats en cours, favoriser les liens entre établissements de santé français et membres du RESHAOC, et donner du sens et des orientations stratégiques à la CHI dans le cadre de la Stratégie française en santé.

Au programme de cette 6^e édition, une attention particulière sera accordée à la prise en compte du genre dans le développement et la mise en œuvre des projets de coopération hospitalière, mais aussi aux spécificités des actions de CHI dans les zones de conflits comme en Ukraine.
Des regards croisés animeront également les débats pour apporter une vision complémentaire sur les besoins et les modes de gouvernance sanitaire dans chacune des régions du monde dans lesquelles des projets de coopération sont mis en place.