Soutenir le développement de la filière oléicole en Algérie

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Algérie
Dans le cadre du Salon international de l’agroalimentaire (SIAL) qui s’est tenu à Paris du 15 au 19 octobre 2022, une sélection d’huileries de la région de Soummam, soutenues par le programme d’appui au secteur de l’agriculture en Algérie (PASA), ont permis d’illustrer l'émergence de la filière oléicole algérienne sur la scène internationale. L’occasion de revenir sur quatre années d’évolution d’un secteur en pleine croissance.

En Algérie, les secteurs de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire revêtent une importance primordiale dans l’économie nationale à l’image de la filière oléicole. La production d’huile d’olive marque fortement la vie sociale, économique et culturelle, notamment dans les trois wilayas du projet, Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira. Selon une étude de marché réalisée sur la consommation de l’huile d’olive algérienne, la production couvre principalement les besoins de consommation locale et repose majoritairement sur des petites exploitations familiales polyvalentes. Par ailleurs, l’indivision du foncier, les difficultés d’accès aux prêts ainsi que le manque de formation adaptée freinent le développement de ces exploitations familiales et leur insertion dans la filière oléicole.

Expertise France soutient le développement de la filière oléicole algérienne dans le cadre du projet « PASA » financé par l’Union européenne et en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural d’Algérie. Une sélection d’huiles d’olive de 15 huileries de la région de Soummam ont été présentées au parc des expositions Paris Nord Villepinte, chacune choisie selon un processus strict prenant en compte la qualité des huiles (vierge extra), un conditionnement aux standards internationaux avec des bouteilles en verre et un étiquetage aux normes, et la mise à disposition de volumes suffisants pour être en capacité d’exporter. Cette présence au SIAL constitue une véritable opportunité d’accès aux marchés internationaux avec la rencontre de nombreux opérateurs, distributeurs et acteurs de la profession.
Chaque exposant a pu présenter ses bouteilles et échanger avec les visiteurs sur les processus de culture et de fabrication des huiles d’olive, en complément de bars de dégustation auprès desquels il était possible de se familiariser avec les divers arômes et notes issues de la vallée de Soummam.

« Le SIAL a été une belle opportunité de visibilité pour nous. Un client est même venu des Pays-Bas pour goûter notre huile et nous rencontrer. Nous commençons à avoir une petite notoriété, grâce à notre présence dans les médias, mais surtout grâce aux récompenses que nous avons décrochées. Notre huile a notamment reçu la médaille d’or dans la catégorie « Mûr intense », au 18e concours international « Huiles du monde » à Paris en 2020. » Aoumar OUAGUED, huilerie Azemmour, W.Bouira

 

Faciliter l’intégration au marché européen des producteurs algériens

Les huileries sélectionnées pour participer au SIAL bénéficient déjà de moyens de production avancés et d’outils professionnels à haute valeur ajoutée qui leur permettent de cultiver les champs d’oliviers dans des conditions optimales dans le cadre d’une agriculture raisonnée mais à vocation exportatrice.
Pour ce faire, les défis auxquels sont confrontés les producteurs tiennent surtout au respect des normes juridiques et sanitaires en vigueur au sein de l’Union européenne notamment.
Dans le cadre du programme PASA, Expertise France accompagne à cet égard les producteurs algériens afin de leur fournir les bases d’un cadre légal nécessaire à la formalisation de l’exportation de leur production.
La première pierre à l’édification du laboratoire d’analyses physico-chimique, sensorielle, et contaminants, a été posée cet été à Takerietz dans la commune de Sidi-Aïch, avec pour ambition d’en faire la référence nationale pour l’oléiculture algérienne. Le laboratoire vise ainsi une accréditation officielle en dotant les locaux déjà existants de l’Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV) de qualifications plus poussées dans le domaine phytosanitaire. Il s’agit d’offrir les moyens et capacités d’analyses aux producteurs et triturateurs pour à terme consolider leur position au cœur du marché national tout autant que faciliter leur entrée sur le marché européen.

 

« Dans le cadre de notre volonté d’implantation en Europe, il a fallu étudier les habitudes de consommation des populations locales, car il existe différents types d’huile d’olive, soit en consommation brute, soit en accompagnement de plats, et parfois même à des fins thérapeutique et cosmétique. Il s’agit d’huiles vierges extra, vierges, lampantes, ou autres, suivant le degré d’acidité, la température d’extraction, etc. Dans certains cas, la question de l’amertume est importante pour plaire au marché français. Il y a un vrai travail d’écoute et de dialogue à mettre en place entre les producteurs et les consommateurs car ces derniers ne sont pas forcément assez informés des critères de qualité des huiles, comme l’amertume ou les notes piquantes qui sont perçues comme négatives alors qu’elles sont à valoriser.» Nabil AREZKI, huilerie Numidia, W.Béjaia

 

« Le Covid a ralenti notre progression et notre arrivée sur le marché français. Expertise France nous a accompagnés en ce sens pour faire face à ces obstacles. Nous allons déjà commencer par nous implanter à Paris, construire un réseau de clients fidèles, et à terme, si l’opportunité se présente, nous pourrons nous étendre à toute la France. » Aoumar OUAGUED, huilerie Azemmour, W.Bouira

 

Valoriser les solutions innovantes pour accroître la compétitivité de la filière

Le PASA vise à poser les bases d’une oléiculture durable prenant pleinement en compte les enjeux de transition juste et de respect de l’environnement et des ressources naturelles. Un appel à projets innovants visant à soutenir les initiatives économiques novatrices liées à la filière oléicole débute la phase de sélection des projets pour une mise en exécution prévue début 2023.


Ses objectifs sont multiples : promouvoir la professionnalisation des oléiculteurs et des oléifacteurs, renforcer l’organisation des acteurs de la filière, favoriser l’insertion des femmes et des jeunes, favoriser les services et la diffusion des bonnes pratiques pour une oléiculture durable, ou encore améliorer la performance des huileries de la région, traditionnelles et modernes par une gestion et une logistique améliorées.

 

« Nous avons été appuyés par EF pour faciliter le processus de production et réduire nos coûts, car nous sommes dans une région montagneuse qui induit un travail de la terre compliqué. Notre terroir est un atout, mais il faut s’adapter aux nouvelles contraintes techniques.» Aoumar OUAGUED, huilerie Azemmour, W.Bouira

 

Ainsi, cette activité servira de tremplin à de multiples initiatives économiques innovantes pour renforcer leur compétitivité tout en œuvrant à une production plus respectueuse de l’environnement et  à une meilleure intégration des femmes et des jeunes dans la chaîne de valeur.

En effet, dans la vallée de la Soummam, pour lutter contre la pollution des sols et des cours d’eau, une place croissante est donnée à la valorisation des ressources naturelles, aux processus de recyclage et de surveillance des déchets liés à l’extraction de l’huile d’olive. Les margines – l’eau contenue dans les olives et extrait lors du processus de presse – et les grignons – résidus solides constitués des fragments de noyaux et des restes de peau d’olive – font partie des polluants principaux de la culture oléicole et concentrent à ce titre la majeure partie des efforts engagés dans la recherche d’une agriculture durable.

L’appel à projets entend mettre l’accent sur les bénéfices de solutions durables capables de prendre en compte les coproduits encore trop délaissés dans le processus de fabrication de l’huile d’olive. A cet égard, la transformation et la commercialisation de la mélasse d’huile de grignon – notamment comme biocarburant – permet aux producteurs de tirer un bénéfice supplémentaire tout en réduisant l’impact environnemental de la filière.

Le PASA contribue, sur ce volet, à renforcer les capacités de plusieurs exploitations par le captage et le stockage de l'eau afin d'irriguer le verger et réduire le stress hydrique des cultures sujettes à un manque de précipitations, par la valorisation de ces margines et grignons, et enfin par le reboisement des zones incendiées.

 

« Grâce au PASA nous développons des méthodes plus efficientes de trituration pour limiter l’impact des déchets liés à la production de l’huile. » Nabil AREZKI, huilerie Numidia, W.Béjaia

 

Un modèle coopératif au service de l’export

Enfin, cet accroissement de la compétitivité du modèle agricole algérien se traduit également par l’accompagnement du modèle coopératif. Une organisation nouvelle de la filière structurée autour de coopératives offre les clés d’une influence renforcée et d’un poids plus marqué à l’export pour exister sur les marchés internationaux.

Centré sur la communauté locale, le modèle coopératif démontre un engagement dans la réalisation des objectifs de développement durable. Il permet d'adopter des pratiques et des principes qui favorisent l'économie locale, encouragent l'engagement de la société civile, et offrent à ses collaborateurs l’opportunité de mutualiser leurs moyens (production, humain, financier), véritable tremplin pour l’accès aux marchés internationaux.

De ce fait, le gouvernement algérien a récemment assoupli les réglementations sur la constitution et la gestion des coopératives agricoles, symbole d’un regain d’intérêt pour le modèle coopératif. Les effets se vérifient par la naissance de nouvelles organisations coopératives, soutenues par le PASA, à l’image d’Oléicop Soummam, association de producteurs de la région de Béjaïa, présente au salon de l’agroalimentaire parisien au mois d’octobre.

 

"En nous regroupant au sein d’Oleicop Soummam, nous nous donnons l’opportunité de surélever nos capacités individuelles et bénéficions d’une synergie groupée. D’ailleurs, nous avons nommé notre huile d’olive Izmer, signifiant "Il peut" en kabyle, car cette marque nous offre de nouvelles possibilités telles que l’exportation groupée ou encore la mise en place d’un projet éco-responsable avec la valorisation des grignons." Lakhder IBALIDEN, Oleicop Soummam, W. Béjaïa

 

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