SHABAKE – Renforcer les capacités d’organisations de la société civile libanaise

Depuis le déclenchement de la crise syrienne en mars 2011, plus d’un million de personnes ont trouvé refuge au Liban. Cet afflux massif a eu des répercussions profondes sur les plans humain, social, économique et politique. De plus, le pays traverse une crise économique et financière d’une ampleur inédite, marquée par l’effondrement de sa devise, la chute de son PIB et une inflation sans précédent. Les fragilités ont notamment été exacerbées par des crises sécuritaires et humanitaires, telles que l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 et les frappes aériennes de forte intensité conduites par l’armée israélienne sur le territoire libanais, notamment sur son infrastructure civile. 

Ces crises ont mis en lumière le rôle impondérable assuré par la société civile dans l’appui aux populations et souligné la nécessité d’un engagement collectif et renforcé de l’aide internationale afin de soutenir la société civile locale.

Dans ce contexte, à l’occasion du Sommet humanitaire mondial qui s’est tenu à Istanbul en mai 2016, la communauté internationale s’est engagée à tout mettre en œuvre pour être plus efficace dans sa réponse aux crises. Ce sont les accords du « Grand Bargain » auxquels plus de 61 pays se sont engagés et qui doivent notamment se traduire par plus de financements, mais surtout davantage de soutien apporté aux acteurs nationaux, qu’ils soient gouvernementaux ou civils, dans le cadre du mouvement de la « localisation de l’aide ». 

Shabaké est né de la volonté de s’engager en faveur de la localisation de l’aide et de la nécessité de renforcer les capacités des organisations de la société civile (OSC) libanaises afin qu’elles occupent une place prépondérante dans la réponse aux crises au Liban. 

Les OSC locales jouent un rôle essentiel dans la provision de services essentiels auprès des populations les plus reculées et vulnérables. Leur ancrage territorial et communautaire leur permet d’agir efficacement, notamment dans les zones les plus touchées par les crises protéiformes. Leurs interventions contribuent à améliorer l’accès aux services de base, alors que les infrastructures publiques sont saturées et que les municipalités sont souvent dépassées. 

Pourtant, la plupart des OSC libanaises sont confrontées à un manque de ressources financières et des faiblesses techniques et organisationnelles, qui limitent davantage leur accès aux financements internationaux menaçant ainsi leur pérennité et leur indépendance.  

Entre 2019 et 2022, le projet Shabaké a permis d’accompagner 13 organisations de la société civile libanaise pour qu’elles puissent intervenir localement et efficacement en prévention des crises. Cette première phase s’est articulée autour de trois axes : 

• Consolider les capacités d’ONG locales à travers l’élaboration puis la mise en œuvre d’un plan de renforcement de capacités afin de répondre aux besoins actuels des populations vulnérables et de prévenir et gérer de futures crises.
• Assurer la mise en œuvre par chacune d’entre elles d’un projet de réduction des vulnérabilités aux crises.
• Renforcer l’intégration des ONG partenaires dans l’écosystème de l’aide à travers la mise en place d’un réseau entre ces ONG, leur mise en relation avec les bailleurs de fonds et la consolidation des dispositifs de coordination existants entre bailleurs sur l’accompagnement de la société civile libanaise.

La première phase du projet Shabaké a été financée par Danida (Danemark) et l’AFD (France).

Cette seconde phase consiste toujours à renforcer le rôle de la société libanaise dans la prévention et la résolution de crises pour contribuer à la paix, à la sécurité et au redressement du Liban. Elle cible 50 OSC, y compris certaines de plus petite taille, sur l’ensemble du territoire libanais.

Comme lors de la première phase, l’ensemble du projet se veut inclusif et participatif. Les ONG sont appelées à être actrices du changement en participant à des actions de diagnostic et de renforcement de leurs capacités. Le projet contribue également à la mise en réseau des ONG partenaires, qui sont encouragées à travailler encore davantage en relation avec les autorités libanaises et les institutions publiques locales.

Des activités de renforcement de la société civile sont menées dans des secteurs variés, allant de l’insertion professionnelle à l’agriculture, en passant par le traitement des déchets, l’éducation, ou encore la santé et l’accès à des services de base. 

Un premier cycle composé de 13 projets de réduction des vulnérabilités, a été lancé en avril 2023 et s’est achevé avec succès en 2024. À cette occasion, des formations professionnelles ont été organisées, et des initiatives ont été menées dans les domaines du soutien à l’entrepreneuriat, à l’éducation et à l’agriculture.

Le second cycle constitué de 12 projets est actuellement en cours de mise en œuvre et en phase de clôture. Ces projets ciblent notamment :

• la gestion des déchets ;
• le renforcement des services de santé mentale et de santé maternelle et infantile ;
• la réhabilitation d’infrastructures d’eau et d’assainissement ;
• l’entrepreneuriat ;
• la gouvernance locale. 

Jusqu’à présent, plus de 15 000 individus ont bénéficié de ces interventions sur le territoire libanais.

Le deuxième axe d’intervention vise à constituer un vivier d’urgence composé d’OSC qui développent et présentent mensuellement des propositions d’intervention qui bénéficieront d’un financement rapide. L’objectif est de s’adapter au mieux à l’évolution du contexte libanais et de répondre à l’émergence de besoins urgents suite à des crises ponctuelles et prolongées. À ce titre, 37 projets seront financés.

À ce jour, 32 actions de réponse aux crises ont déjà été mises en œuvre, en soutien à plus de 25 000 bénéficiaires, en particulier parmi les populations déplacées internes en raison des bombardements israéliens du pays. Ces interventions incluent, entre autres :

• la distribution de biens de première nécessité ;
• la mise en place de centres d’hébergement d’urgence ;
• des séances de soutien psycho-social.

Le secteur éducatif fait également face à des besoins exacerbés en raison de la fermeture des écoles reconverties en abris d’urgence durant la guerre. Cinq OSC locales ont ainsi été sélectionnées pour appuyer le secteur, par le rétablissement d’infrastructures, l’amélioration de l’accès à l’éducation, la mise en place de suivis individualisés et le soutien au personnel éducatif.