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Prévenir, réduire, s’adapter : investir dans la résilience
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Face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes, les pertes humaines, économiques et environnementales s’aggravent partout dans le monde. Ces crises rappellent qu’anticiper coûte toujours moins cher que réparer. Pourtant, la prévention reste largement sous-financée malgré son efficacité démontrée. Dans ce contexte, l’action d’Expertise France, filiale du (Groupe AFD), s’inscrit pour dans une approche fondée sur la connaissance des risques et la résilience des territoires, des systèmes et des communautés.
Le coût de l’inaction
Les catastrophes entraînent des coûts directs estimés à 202 milliards de dollars par an au niveau mondial, selon le rapport GAR 2025 de l’UNDRR. Néanmoins, les Nations Unies estiment que le coût réel des catastrophes peut être jusqu’à dix fois supérieur aux évaluations habituelles lorsque l’on prend en compte les effets en cascade — perturbations économiques, impacts écologiques, ruptures des chaînes d’approvisionnement ou crises sanitaires.
Ignorer les risques, c’est investir à perte. Construire des infrastructures en zones inondables, subventionner des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre ou négliger la planification urbaine revient à préparer les catastrophes de demain. Ce phénomène est qualifié de maladaptation.
Chaque mauvaise décision a un coût durable : une catastrophe affecte l’ensemble des Objectifs de Développement Durable, car ses conséquences touchent simultanément les dimensions humaines, économiques et environnementales du développement. Elle peut ainsi annuler des années de progrès, en aggravant la pauvreté, en détruisant des infrastructures essentielles, en perturbant les écosystèmes et en fragilisant les institutions.
Selon la Banque mondiale, dans certaines économies, les catastrophes entraînent des pertes annuelles équivalentes à 2 % du PIB, notamment dans les pays les plus vulnérables. D’où l’importance d’investir dans la prévention : normes de construction adaptées, systèmes d’alerte précoce, plans d’évacuation et programmes de sensibilisation permettent de réduire considérablement les pertes futures. En d’autres termes, chaque euro investi dans la prévention et la préparation aux risques naturels peut rapporter 3 à 15 euros en coûts évités, faisant de la prévention une priorité à la fois humanitaire et économique. Pourtant, seulement 2% de l’aide publique au développement mondiale entre 2010 et 2019 a été consacrée à la prévention et à la réduction des risques de catastrophes — un déséquilibre alarmant face à l’ampleur des enjeux.
Passer de la réaction à l’anticipation
Pour Expertise France, la résilience se construit avant tout sur le terrain, avec et pour les communautés les plus exposées et vulnérables. Elle permet de protéger les vies et les acquis du développement, de préserver les infrastructures essentielles, de favoriser la stabilité institutionnelle et de renforcer la confiance entre citoyens et institutions.
Les économistes parlent désormais de « dividendes de la résilience », pour désigner les bénéfices multiples qu’en tirent les sociétés capables d’anticiper, d’absorber et de s’adapter aux chocs — non seulement en limitant les pertes, mais aussi en stimulant un développement plus durable et inclusif.
La Journée internationale 2025 invite à ce même changement de paradigme : « financer la résilience et non les catastrophes ». Ce message résonne pleinement avec l’approche d’Expertise France, qui vise à renforcer les capacités nationales et locales afin d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques publiques fondées sur la connaissance des risques et intégrant la résilience dans chaque décision d’aménagement, de développement et d’investissement.
Pour une coopération internationale source de résilience
Expertise France met en œuvre plusieurs projets de coopération technique internationale qui traduisent concrètement notre approche pluridisciplinaire et inclusive de la résilience.
Aux Philippines, le projet « Disaster Risk Reduction Enhancement at the Local Level » (DRREALL), financé par l’Union européenne et l’AFD, accompagne les autorités locales pour mieux planifier, budgétiser et mettre en œuvre des politiques de prévention. En renforçant les capacités des collectivités et en intégrant les enjeux de genre et d’inclusion, le projet aide les communautés à anticiper les impacts du changement climatique et à éviter des pertes humaines et économiques récurrentes. Un soutien spécifique est notamment apporté pour l’amélioration de l’utilisation des fonds budgétaires nationaux dédiés à la préparation aux catastrophes, aujourd’hui sous-utilisés par les municipalités, faute de connaissance et maitrise de l’instrument.
En Afrique de l’Ouest, le Projet d’appui à la protection civile en Afrique de l’Ouest (PCAO) agit depuis 2020 au renforcement des capacités opérationnelles des services de secours dans sept pays (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo) afin de mieux planifier et budgétiser les investissements dans la prévention et la préparation, au lieu de dépendre de financements d’urgence après les catastrophes. Cet appui a inclus l’acquisition d’équipements de secours, la formation de centaines de secouristes et responsables locaux à la gestion des crises et à la planification du risque, ainsi que la mise en place de mécanismes de coordination régionale, favorisant une meilleure allocation des ressources et un partage d’expérience entre pays voisins.
En Irak, le projet “Disaster Risk Management for Kurdistan Region of Iraq” supervise la réalisation d’investissements ciblés dans du matériel et des équipements spécialisés pour le secours aquatique (traineaux de sauvetage et équipements individuels) et la lutte contre les incendies (caisson de simulation incendie). Le projet contribue à renforcer durablement la capacité d’action des autorités locales face aux crises via ces acquisitions, lesquelles sont accompagnées de formations techniques et de sessions de sensibilisation communautaire.
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Publié le 14 octobre 2024
