Construire un « Horizon partagé » pour les jeunesses des Balkans et lutter contre la désinformation

Le processus d’adhésion des Balkans occidentaux à l’Union européenne, qui vise à les conduire vers un avenir commun, se heurte au nationalisme. 

Dans ce contexte, la France appuie l’Albanie, la Bosnie-et-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro, et la Serbie dans la réconciliation de leurs jeunesses. Le projet « Horizons partagés », initié et financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, entend contribuer au travail sur les mémoires et les perspectives communes au sein de l’UE auprès de la jeunesse en Europe du Sud-Est. 

Ce projet, structuré autour de quatre volets transverses, est mis en œuvre conjointement avec l’Institut français et CFI, mais également PLAY International, l’Association européenne pour la démocratie locale (ALDA) et le musée des années 90 de Belgrade. 

Ce projet s’intéresse également aux enjeux informationnels grand public afin de lutter contre la rhétorique nationaliste et de défendre le narratif européen de manière positive. Il s’appuie pour cela sur des relais (jeunes journalistes, influenceurs) et des vecteurs (réseaux sociaux, podcasts) qui parlent aux jeunesses balkaniques.

Le Balkan News Truck a débuté sa tournée le 8 septembre avec une ambition claire : renforcer l’esprit critique des populations des Balkans occidentaux face aux dangers de la désinformation. Véritable plateforme mobile d’éducation aux médias, ce camion itinérant parcourt six pays — Kosovo, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord et Serbie — pour transformer les espaces publics, universités ou places centrales en lieux d’échanges et d’apprentissage.

Chaque étape offre une programmation variée : projections, ateliers de fact-checking, quiz interactifs ou discussions ouvertes avec des spécialistes et acteurs locaux. Ces activités visent à donner aux participants les outils pour reconnaître les fausses nouvelles, analyser la fiabilité des sources et comprendre les mécanismes de propagation des récits trompeurs en ligne. Après ses premiers arrêts au Kosovo (Prizren, Mitrovica, Peja, Prishtina), le camion poursuivra sa route vers Sarajevo, Podgorica, Tirana, Skopje, Novi Sad et bien d’autres villes, proposant à chaque fois un programme ajusté aux réalités locales.

L’originalité de ce projet réside dans sa capacité à aller à la rencontre directe d’un public diversifié, y compris dans des zones reculées rarement concernées par ce type d’initiatives. En suscitant débats citoyens, jeux pédagogiques et ateliers participatifs, il nourrit une véritable dynamique régionale : celle de sociétés plus résilientes, capables de résister aux manipulations de l’information et de consolider leur ancrage démocratique.

Les « Dialogues européens – Face à la guerre » ont fait étape en Bosnie-Herzégovine dans le cadre du programme Horizons Partagés. Trente ans après les accords de Dayton-Paris, cette édition proposait une plateforme d’échanges entre la société civile, les chercheurs et la jeunesse des Balkans et du reste de l’Europe autour des enjeux de confiance, de mémoire et de résilience démocratique.

Pendant trois jours, les débats se sont attachés à explorer les différentes dimensions de la confiance, pilier essentiel des processus de paix et du vivre-ensemble après la guerre. Le programme a mobilisé les 32 nouvelles voix soutenues par l’Institut français dans le cadre d’« Horizons Partagés ». Issues d’horizons variés — écologie, droits des femmes, lutte anticorruption ou contre la désinformation — ces personnalités émergentes apportent un regard pluriel et engagé sur les défis actuels des sociétés balkaniques.

Les Dialogues se sont déroulés à Sarajevo, du 17 au 19 septembre, en partenariat avec le Sarajevo Fest et le Musée d’Histoire de Bosnie-Herzégovine, puis à Banja Luka le 20 septembre avec le Musée d’Art contemporain de la Republika Srpska. Un « pré-dialogue » avait déjà eu lieu à Tuzla en juin, en collaboration avec le Festival des femmes contemporaines, marquant une étape préparatoire tournée vers l’inclusion et l’expression citoyenne. 

À travers cette dynamique, les Dialogues européens cherchent à faire émerger une parole collective, porteuse de perspectives communes pour l’avenir de la région, et à consolider le rôle des jeunes générations dans la construction d’une démocratie plus ouverte et résiliente.