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Les communautés locales, actrices pleinement engagées dans la protection des bassins forestiers
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Alors que la COP30 se tient à Belém du 10 au 21 novembre, au cœur de l’Amazonie, la communauté internationale est appelée à rehausser ses engagements climatiques et mobiliser des financements à la hauteur des besoins des pays vulnérables. Justice climatique, sécurisation des territoires autochtones, fonds innovants : cette « COP de l’Amazonie » place les grands bassins forestiers au centre du jeu. L’occasion de rappeler l’engagement de l’agence en faveur des communautés locales, en première ligne face aux enjeux de sauvegarde des milieux forestiers.
En intégrant les communautés locales et les savoirs autochtones dans ses projets de conservation, Expertise France contribue de manière directe et efficace à la résilience écologique des territoires, tout en favorisant leur préservation sociale et culturelle. Les actions de restauration menées avec les communautés génèrent un « cycle vertueux » mêlant gains écologiques, sécurité alimentaire, amélioration de l’accès aux ressources et préservation de la biodiversité.
C’est selon ce schéma que plusieurs projets ont été développés pour répondre aux enjeux communs de préservation de la biodiversité et de lutte contre les atteintes aux bassins forestiers en Amazonie, au Congo, ou encore en Papouasie Nouvelle Guinée.
En Amérique latine, les communautés locales et autochtones au cœur de la gestion durable des forêts
L’action d’Expertise France en Amérique latine, qui vise à renforcer les politiques publiques environnementales et leur financement, prend en compte depuis 2018 une approche participative ancrée dans les territoires et intégrant les savoirs des communautés locales et des peuples autochtones.
L’agence déploie son expertise dans différentes régions du continent, de l’Amérique centrale à la région andine jusqu’au Cône Sud. Au sein d’Euroclima, vaste programme financé par l’Union européenne, Expertise France joue un rôle clé dans le secteur Forêts, Biodiversité et Écosystèmes, dont elle fait figure de partenaire moteur depuis plus de 7 ans.
Au Guatemala par exemple, les activités menées actuellement dans la Réserve de biosphère Maya visent à améliorer les connaissances sur l’état de santé et la régénération des espèces forestières grâce au renforcement de méthodes et d’outils de suivi, en appui au Conseil National des Aires Protégées (CONAP).. Cette action prolonge un travail d’appui au modèle de concessions forestières communautaires au Guatamala, consolidant ainsi un système exemplaire de gestion durable des forêts, fondé sur l’implication directe des communautés locales. Expertise France est également intervenue dans le corridor biologique « Punta de Manabique », en appuyant la restauration forestière, le suivi écologique et la protection des mangroves. Dans ce cadre, les communautés accompagnées - groupes de femmes et organisations locales – ont été intégrées à la gouvernance du territoire et ont bénéficié d’activités productives durables telles que le tourisme communautaire, l’agroforesterie et les potagers familiaux.
Au même titre, dans la région andine, Expertise France a appliqué cette approche d’intégration des communautés comme en Bolivie, où elle est intervenue dans deux territoires clés : le Pando, et la Chiquitanía. Dans le premier, l’agence a renforcé la gestion communautaire de la forêt amazonienne et la résilience locale, notamment par l’appui aux chaînes de valeur des produits forestiers non ligneux et à l’Observatoire des fruits amazoniens.
Dans le second, des mécanismes de suivi des « bénéfices non liés au carbone » de la préservation de la forêt ont été développés, comme la protection de ressources naturelles ou l’appui à des chaînes de valeur durables via la production de miel ou d’huiles essentielles.
Dans ce corridor des grandes forêts d’Amérique centrale, le programme Grandes Bosques de Mesoamerica a sélectionné des communautés locales du Mexique, Guatemala, Honduras, Belize, Costa Rica, Salvador et Panama pour renforcer la protection des habitats d’espèces protégées de la région telles que le jaguar, le tapir ou encore la harpie féroce en protégeant les forêts et favorisant des actions de reforestation.
Dans le cadre du programme Amazonia+, Expertise France met en œuvre la composante 2 sur la gouvernance forestière avec les peuples autochtones et les communautés locales traditionnelles. Les activités menées permettent d’articuler différents niveaux d’intervention pour favoriser une plus grande incidence des voix des peuples locaux ainsi que la revitalisation des savoirs traditionnels pour une meilleure intégration dans les espaces de prise de décision. Au niveau régional, la collaboration avec la COICA (Coordination des organisations autochtones de l’Amazonie) œuvre à renforcer la coordination des réseaux d’organisations autochtones et leurs stratégies de communication et de participation dans les espaces internationaux. Avec l’OTCA (l’Organisation du traité de coopération amazonienne), nous travaillons pour la mise en œuvre du mécanisme amazonien des peuples autochtones. Au niveau transnational, quatre projets menés par des organisations de la société civile sont en cours d’exécution pour promouvoir une gouvernance forestière locale durable, pour la conservation de la biodiversité et les besoins des habitants des forêts Enfin, au niveau local, Expertise France collabore avec la FILAC (Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes) afin de renforcer les capacités des peuples autochtones dans la réalisation de leurs projets. Dix initiatives menées par des femmes et des jeunes autochtones de Bolivie, du Brésil, de Colombie, d’Équateur, du Pérou et du Suriname ont été sélectionnées pour représenter la force et la diversité culturelle de l’Amazonie. Ces projets, lancés par les villages d’Itonama, Monkox, Chiquitano, Wapichana, Piapoco, Curripaco, Puinave, Kubeo, Sikuani, Shuar, Asháninka et Palumeu, s’inscrivent dans une dynamique innovante pour renforcer non seulement la gouvernance forestière, mais aussi consolider le rôle des peuples autochtones dans la défense de leur territoire et dans la construction d’un avenir durable pour toute la région amazonienne.
L’attention portée aux peuples autochtones est également manifeste dans le Cône Sud, comme au Brésil, où Expertise France a accompagné la restauration de la végétation native dans la Terre Indigène Pankararu, au sein des biomes Caatinga, Cerrado et Mata Atlântica. Ce travail d’appui à l’organisme brésilien FUNAI ( Fondation Nationale des Peuples Autochones) Fundação Nacional dos Povos Indígenas ), a reposé sur des diagnostics socio-environnementaux participatifs, des visites de terrain et la construction conjointe de projets pilotes avec les communautés concernées. Une partie importante de l’intervention a consisté à former des « Agents autochtones en gestion environnementale et territoriale », renforçant ainsi l’autonomie des populations et la transmission des savoirs locaux.
Les filières de la bio-économie constituent également une solution possible aux enjeux environnementaux et sociaux de l’Amazonie. Le programme Amabio appuie en ce sens pour le développement et le financement de la bio-économie dans une approche durable et inclusive, intégrant les dimensions territoriale, sociale, institutionnelle et financière. Ce lien entre social et bio-économie est rendu possible par la création de réseaux de coopération entre communautés, pouvoirs publics, et acteurs de la recherche pour valoriser les savoirs traditionnels et la diversité sociale et productive de chaque territoire. Cette approche d’atténuation et d’adaptation renforce les chaînes de production bas carbone et promeut l’utilisation durable de la biodiversité pour garantir une économie à faibles émissions de carbone.
En dessinant de nouvelles opportunités économiques et en reconnaissant les savoirs ancestraux des peuples et communautés traditionnelles, le programme entend lutter contre la déforestation et les pratiques d’élevage prédatrices, principales causes de la destruction du couvert forestier en Amazonie.
En Papouasie Nouvelle Guinée, une croissance verte pour des communautés résilientes
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un pays où le niveau local et communautaire joue un rôle primordial. En effet, 100% de la population se considère autochtone et 97% des terres sont détenues par des propriétaires coutumiers, qui sont également les décisionnaires finaux en matière d’utilisation des forêts. La Papouasie-Nouvelle-Guinée dispose par ailleurs d’un patrimoine forestier exceptionnel. L’île de Nouvelle-Guinée, partagée avec l’Indonésie, abrite la troisième forêt tropicale au monde après l’Amazone et le bassin du Congo. Les forêts représentent une source vitale de sécurité alimentaire pour de nombreuses communautés, dont 85 % vivent dans des zones rurales, et constituent une partie vitale du tissu culturel, linguistique et spirituel du pays.
Dans ce contexte, Expertise France met en œuvre la composante nationale du programme « Foresterie-Changement climatique – Biodiversité » de l’Union Européenne (EU-FCCB) pour la Papouasie Nouvelle-Guinée avec pour objectif de soutenir le pays dans son ambition de préserver son environnement forestier exceptionnel, tout en développant une économie verte, durable et inclusive.
Le projet prévoit, à travers un dispositif important de petites subventions en cours de déploiement, d’apporter un soutien financier et technique conséquent à plus de 30 organisations locales communautaires pour la réalisation de projets sur leurs territoires combinant protection de l’environnement et développement de filières durables agricoles et forestières. Un soutien à l’agence nationale en charge de la conservation et de la protection de l’environnement (la PNG Conservation and Environment Protection Authority) permet aussi la mise en place d’un cadre réglementaire pour mettre en œuvre une nouvelle loi sur les aires protégées entrée en vigueur récemment et qui vise à faciliter l’établissement d’aires protégées au niveau local et communautaire, et à encadrer le type de soutien que peut fournir l’Etat si un territoire s’engage de manière sérieuse dans une démarche d’aide protégée.
Par ailleurs, dans le cadre du Country Package annoncé par le Président de la République en 2023, Expertise France contribue à la mise en œuvre du programme SoNG en Papouasie Nouvelle Guinée notamment dans les provinces de New Ireland, Manus, Madang et la région autonome de Bougainville.
Ce programme piloté et financé par l’AFD, avec une mise en œuvre partielle assurée par Expertise France, vise à soutenir les priorités du gouvernement de PNG en matière de préservation de la biodiversité, de gestion durable et inclusive des écosystèmes marins et forestiers, tout en contribuant à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales et à leur résilience face au changement climatique.
Parmi les différentes actions mises en œuvre, et en partenariat entre autres avec l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) depuis juillet 2025, Expertise France est engagée dans le renforcement du réseau d’aires protégées et des initiatives de conservation portées par les communautés locales et la société civile grâce à l’amélioration des capacités de gestion et au développement de filières agricoles et halieutiques durables, conciliant moyens de subsistance et génération de revenu.
Par ailleurs, l’agence apporte une expertise dans la promotion de la formation et de la recherche valorisant les savoirs traditionnels et les pratiques culturelles liés à la biodiversité afin de permettre aux communautés locales de bénéficier d’une meilleure reconnaissance de leur travail, de leurs productions, et de leur apport dans la gestion raisonnée des bassins forestiers.
Dans le bassin du Congo, améliorer les conditions de vie des communautés locales
Expertise France contribue à la gestion durable des forêts en Afrique subsaharienne et tout particulièrement en République démocratique du Congo qui concentre la majeure partie du couvert forestier de cette région équatoriale par une assistance technique pour l’Alliance pour le Développement Durable (ADD). Sur financements européens, cette initiative agit au niveau de 5 réserves et parcs naturels prioritaires (Virunga, Garamba, Salonga, Upemba, et Yangambi), qui constituent à la fois des zones forestières critiques pour la biodiversité mondiale, et des territoires habités par des communautés locales et peuples autochtones dépendant directement des ressources forestières.
En RDC, la foresterie communautaire est en effet identifiée comme un levier majeur pour concilier conservation et développement et des initiatives y sont à cet égard soutenues dans les 5 paysages, ainsi que sur le plateau des Batéké et le Sud-Ubangi, en appui à des organisations de la société civile spécialisées et à des structures locales pour renforcer l’appropriation des territoires forestiers par les communautés, tout en introduisant des pratiques de gestion durable et des revenus alternatifs.
Le respect des droits des communautés étant un enjeu majeur, l’agence entend soutenir l’application du Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) pour les interventions en zones habitées par les communautés locales. Un appui à la gouvernance locale facilite la structuration des organisations paysannes et autochtones, souvent les seuls relais efficaces dans les zones rurales isolées avec l’objectif de renforcer les capacités des autorités locales et coutumières à piloter des projets de gestion durable.
Ces actions, construites autour des communautés, permettent l’amélioration leurs conditions de vie via le développement d’activités génératrices de revenus (agroforesterie, énergies vertes, écotourisme) et la diminution des tensions entre institutions et communautés par le dialogue.
Dans le même esprit, Expertise France renforce la cohérence régionale des actions menées dans le bassin du Congo en déployant un Coordonnateur technique du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) basé à Yaoundé, au sein de la Facilitation franco-gabonaise.
Réunissant les États membres de la Commission des forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), les partenaires internationaux et les programmes comme l’Alliance pour le Développement Durable en RDC, ce consortium permet un dialogue entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les bailleurs, autour de priorités partagées : forêts, climat, restauration des paysages, gouvernance et droits humains pour relier le terrain à la diplomatie environnementale, contribuant à positionner les expériences locales ou régionales (ADD, NaturAfrica) dans le débat politique international sur les forêts du bassin du Congo.