Assistance Technique EDIFIS : renforcer les capacités institutionnelles en faveur de l’égalité de genre

Face aux enjeux persistants pour atteindre l’égalité des genres et autonomiser toutes les femmes et les filles, face également à la nature profondément multidimensionnelle des inégalités, il devient primordial de penser à une vision de l’institutionnalisation du genre qui dépasse les défis sectoriels et qui se veut transversale (applicable à tous les domaines) et structurelle (applicable à tous les niveaux). Dans le but de renforcer cette approche multisectorielle, des ateliers ont été organisés dans plusieurs pays. 

En Mauritanie, en juillet 2025, deux jours d’atelier visaient ainsi à créer les conditions d’une coordination interinstitutionnelle plus efficace et durable autour de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Institutionnalisation du Genre (SNIG), adoptée en mars 2015 par le gouvernement mauritanien.

Au Sénégal en février 2024, les cellules genre de sept ministères et l’Observatoire national de la Parité se sont mis d’accord sur trois actions multisectorielles prioritaires parmi lesquelles les Plan d’institutionnalisation du genre (PIG). Ainsi celui du Ministère de la Communication, des Télécommunication et du Numérique (MCTN) a été évalué avec la création d’un tableau de bord mesurant la fracture numérique genre avec un focus sur les activités d’autonomisation économique des femmes dans le secteur du numérique. 

Enfin au Tchad en juillet 2025, l’atelier a mis en évidence l’importance de disposer d’un cadre institutionnel solide et d’outils opérationnels efficaces pour assurer l’intégration du genre dans les politiques publiques. La mobilisation de 19 ministères sectoriels, et d’autres institutions nationales, dont l’Observatoire de la Promotion de l’galité et de L’Equité de Genre a révélé des problématiques partagées, mais aussi des initiatives prometteuses pour le renforcement de l’intégration transversale du genre au Tchad.

À l’issue d’un atelier organisé à Nouakchott en octobre dernier, les observatoires du genre de Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie, Sénégal et Tchad ont uni leurs forces pour créer le Réseau des Observatoires Nationaux Genre d’Afrique Francophone (RONGAF).

Appuyé par l’assistance technique du Partenariat EDIFIS, ce réseau a pour ambition de :

• Renforcer la visibilité et la reconnaissance des observatoires de la région ;
• Mutualiser les ressources, outils et données ;
• Harmoniser les approches de veille, de plaidoyer et de communication ;
• Développer les capacités techniques et institutionnelles de ses membres ;
• Influencer les politiques publiques de manière coordonnée ;
• Créer des partenariats stratégiques avec les acteurs régionaux et internationaux.

Pour la période 2025-2027, le RONGAF s’est doté d’une feuille de route ambitieuse, articulée autour de six axes prioritaires : structuration du réseau, reconnaissance institutionnelle, veille stratégique, plaidoyer, coopération avec la société civile et mobilisation de ressources.

Les filières scientifiques et techniques constituent un levier incontournable pour l’innovation, la compétitivité et le développement durable des pays. Partout dans le monde, les filles sont moins présentes dans ces domaines. En Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée, cette inégalité est encore plus marquée au secondaire et au supérieur.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont ainsi multiplié les stratégies pour réduire ces écarts. Les diagnostics réalisés par l’assistance technique du Partenariat EDIFIS révèlent des défis communs mais aussi des dynamiques propres à chaque pays. Ainsi en Côte d’Ivoire, les réformes éducatives (bourses, internats, filières d’excellence) et l’action d’associations féminines visent à encourager l’orientation des filles vers les sciences. Alors qu’au Sénégal, les filles progressent nettement dans le secondaire général, mais restent minoritaires dans la formation technique et la recherche. Les initiatives numériques, les camps de codage et les Cellules Genre ministérielles jouent un rôle clé.

Ces expériences complémentaires montrent que, malgré des contextes différents, l’engagement institutionnel et sociétal demeure la condition essentielle pour renforcer durablement la place des filles dans les filières sciences, technologies, ingénierie et mathématiques.