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Migrations : agir pour des mobilités sûres, durables et porteuses de développement
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À l’occasion de la Journée internationale des migrants le 18 décembre, Expertise France revient sur les enjeux démographiques, économiques et sociaux qui redessinent les mobilités à l’échelle mondiale, ainsi que sur les actions conduites par le Groupe AFD pour accompagner les pays partenaires. De la montée en compétences des jeunes aux initiatives de mobilité régionale, en passant par les dispositifs pilotes de migration circulaire, l’agence place le renforcement des politiques publiques au cœur de son engagement.
Depuis plus de dix ans, le Groupe AFD soutient les pays partenaires dans la compréhension et la gestion des dynamiques migratoires, en finançant et en mettant en œuvre des projets qui s’attaquent aux causes structurelles des migrations contraintes. Expertise France contribue pleinement à cet engagement en renforçant les politiques publiques migratoires nationales et régionales, en soutenant la société civile, la protection des droits des migrants, ainsi que leur réintégration durable.
Face aux défis démographiques sans précédent, notamment en Afrique et dans les pays du Moyen-Orient, les États doivent construire des réponses durables, alliant développement économique, accompagnement des mobilités et coopération internationale. Les interventions d’Expertise France s’inscrivent dans cette dynamique, en cohérence avec les stratégies françaises et européennes.
Face aux migrations, favoriser le développement économique et social interne des pays partenaires
Si les migrations internationales occupent souvent le devant de la scène, les principaux défis auxquels sont confrontés les pays partenaires sont avant tout internes.
La Banque mondiale rappelle ainsi que la population active africaine va presque doubler d’ici 2050 : plus de 620 millions de jeunes arriveront sur le marché de l’emploi en vingt-cinq ans. Pour répondre à cet enjeu, les États doivent accélérer la création d’opportunités économiques et renforcer l’employabilité des jeunes.
Expertise France intervient déjà à travers plusieurs initiatives en faveur de l’emploi, de l’entrepreneuriat et de l’employabilité des jeunes générations comme au travers des projets Innov’i et Greenov’i en Tunisie, VET4JOB en Turquie, ou encore Diaspora Comores qui accompagnent les écosystèmes économiques, l’innovation verte et l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes. Ces projets contribuent à créer des perspectives locales afin de réduire les migrations contraintes et de renforcer les opportunités sur le marché du travail et la concordance entre ses besoins et les savoir-faire et formations des populations.
Le rôle de la diaspora est de fait crucial. A Madagascar, le projet TADY financé par l’AFD vise à créer les conditions favorables à la mobilisation de la diaspora pour le développement socio-économique du pays à travers le triptyque amélioration de la connaissance de la diaspora, renforcement des capacités institutionnelles et développement local. MEET AFRICA 2, qui s’est terminé cette année et dont une 3e phase devrait être lancée dans la foulée dès 2026, a permis d’accroître la migration légale mutuellement bénéfique et la mobilité et de favoriser la création de plus de 140 projets entrepreneuriaux dans 5 pays du Golfe de Guinée et du pourtour méditerranéen.
Par ailleurs, les mobilités internes, notamment des zones rurales vers les villes, exercent une forte pression sur les infrastructures et les services de base. L’UNICEF estime que la croissance infantile en Afrique nécessitera 11 millions de professionnels supplémentaires dans les secteurs de la santé et de l’éducation au cours de la prochaine décennie. Ces défis renvoient à des enjeux fondamentaux de développement local comme le renforcement des systèmes de formation, la structuration des services publics ou la construction des politiques de rétention des talents.
Faire des mobilités une opportunité de coopération régionale
Contrairement à certaines représentations, la majorité des mobilités internationales sont régionales. En Afrique, les migrations se font d’abord vers les pays voisins, portés par les dynamiques économiques, les proximités culturelles et les espaces de libre circulation.
Pour répondre à ce constat, Expertise France travaille à faire émerger des pôles d’excellences régionaux, où de nombreux pays font déjà figure de référence. A cet égard, la Côte d’Ivoire et le Nigeria jouissent d’une forte attractivité économique, le Maroc d’un secteur touristique attrayant, le Sénégal d’un pôle en santé reconnu et le Togo pour son expertise dans le secteur du bâtiment. Ces pôles représentent des opportunités majeures de montée en compétences par des mobilités professionnelles de proximité.
L’enjeu est ainsi de construire des dispositifs innovants de mobilité régionale. Le projet Coopération régionale des politiques migratoires porté par Expertise France et mené au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Sénégal, à Madagascar et aux Comores, révèle une demande croissante des États pour développer des modalités de migration circulaire : stages, volontariat, programmes d’échange et de formation.
Il y a 3 ans, une expérience pilote de volontariat Sud-Sud au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, et au Mali, menée conjointement par Expertise France et France Volontaires, avait d’ailleurs démontré son potentiel en permettant à 9 volontaires sur 16 de trouver un emploi durable deux mois après leur mission et à 6 d’entre eux de poursuivre dans leur secteur d’embauche.
Repenser les politiques migratoires pour soutenir et réinsérer les migrants
La croissance démographique dans plusieurs régions du monde contraste fortement avec le vieillissement des sociétés européennes : selon l’OCDE, la population d’âge actif de ses pays membres devrait diminuer de 8 % d’ici 2060. Les entreprises européennes alertent déjà sur les tensions à venir sur le marché du travail. Si l’automatisation et l’intelligence artificielle transformeront les métiers, elles ne suffiront pas à combler l’ensemble des besoins.
L’enjeu est ainsi de construire un espace de dialogue afin de tendre vers un cadre juridique pour les migrations légales vers l’Europe et entre pays partenaires des continents européen et africain.
En 2024 s’est achevé le projet ProGreS Migration en Tunisie qui visait à accompagner la réinsertion économique et sociale des tunisiens de retour. Dans sa deuxième phase, le projet s’est concentré sur l’ancrage institutionnel du dispositif national de réinsertion des tunisiens de retour (dispositif Tounesna) et sa pérennisation. Les activités d'accompagnement de la réinsertion durable des tunisiens de retour se poursuivent et des aides à la réinsertion socio-économique sont financées à destination de 320 bénéficiaires de retour d’Europe.
En 2026, le projet THAMM+ Equipe France sera prochainement signé et lancé avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration, avec pour vocation de promouvoir une mobilité de travail légale, durable et mutuellement bénéfique entre le Maroc et la France, tout en renforçant la coopération institutionnelle et en favorisant l’autonomisation socio-économique des travailleurs marocains à travers des parcours migratoires mieux encadrés et plus protecteurs, notamment dans les secteurs agricole et touristique, où 400 personnes pourraient bénéficier de cet accompagnement.
Enfin, la prise en compte des droits des migrants est un élément fondamental de la stratégie de l’agence pour les migrations.
En Amérique latine, le projet Mujeres Echando Raices vise à renforcer la protection et l’intégration socio-économique des femmes et des migrantes vénézuéliennes au sein des communautés d’accueil à Cali et à Quito. Il cherche à faire de l’accès à un logement décent et pérenne le point central dont découlent l’autonomisation contre la violence et l’inclusion socioéconomique des femmes en situation de vulnérabilité.
En Guinée, l’une des composantes du projet AMIS (Accompagnement, Mobilité, Insertion et Sensibilisation) financé par l’UE et le MEAE jusqu’en 2028, concerne la prévention et la sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière, le trafic des migrants et la traite des êtres humains, avec une priorité particulière envers les jeunes, les femmes et les personnes vivant avec un handicap.
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