Justice en temps de guerre, comment préparer la paix ?

Rendre la justice en période de conflit constitue un défi opérationnel, juridique et éthique majeur. Maintenir une chaîne judiciaire fonctionnelle dans des zones affectées par les combats, recueillir les témoignages des victimes réfugiées ou déplacées, documenter les violations graves des droits humains et assurer un procès équitable aux auteurs présumés : tout cela suppose une mobilisation coordonnée d’acteurs multiples — magistrats, enquêteurs, défenseurs des droits, ONG et organisations internationales.

L’évolution des conflits contemporains, qu’il s’agisse de guerres internationales, de crises internes ou de situations post-conflit, impose désormais une articulation entre juridictions nationales, instances régionales et tribunaux internationaux — comme la Cour pénale internationale ou les tribunaux hybrides créés au Rwanda, au Cambodge ou au Kosovo. De plus, la temporalité de la justice a changé : elle intervient souvent alors que les hostilités sont encore en cours, posant des questions de légitimité et d’effectivité.

Dans les sociétés marquées par des guerres civiles, la réintégration des anciens condamnés et la mise en œuvre de mesures de réparation participent pleinement au retour à la paix. Dans ce cadre, la justice transitionnelle joue un rôle structurant : vérité, reconnaissance, réparation, garanties de non-répétition, autant de dimensions à prendre en compte pour accompagner les processus de reconstruction.

Cette édition des Rendez-vous de l’Expertise a permis de croiser les témoignages d’acteurs de terrain engagés dans la lutte contre l’impunité. Leurs échanges ont mis en lumière les obstacles qu’ils rencontrent, les ressources nécessaires pour mener à bien leur mission, mais aussi les espoirs qui les animent dans leur quête d’une justice équitable, même au cœur du chaos.