Journées européennes de la mer : retour sur plus de dix années de coopération dans le domaine maritime
La sécurité et la sureté maritime : une problématique investie depuis 2009 par Expertise France
Principale source de subsistance pour de nombreuses populations dans le monde, la sécurisation des espaces maritimes revêt une place croissante dans les enjeux géopolitiques globaux compte tenu du rôle des océans dans le commerce mondial, du poids économique des secteurs liés à la mer, des matières premières qui s’y trouvent ou encore des enjeux environnementaux actuels. La maritimisation du monde a également pour conséquence l’expansion des menaces transnationales et des activités illicites (pêche illicite, pollution, trafics, piraterie…). C’est dans ce contexte qu’Expertise France se mobilise depuis 2009 sur les questions de sécurité et sureté maritime via la mise en œuvre de projets financés par l'Union Européenne, notamment dans le cadre du Programme "Routes Maritimes Critiques". Actuellement, huit projets sont mis en œuvre par l’agence à travers le monde, pour un montant de plus de 43 millions d’euros.
Des projets multi-pays visant à répondre à des menaces globales
Façade Atlantique et dans les Caraïbes
Les projets GoGin, SEACOP V et EnMar interviennent dans cette zone à différents niveaux et sur des thématiques variées.
Financé par l’UE à hauteur de 5 M€, SEACOP V vise à contribuer à la lutte contre le commerce maritime illicite et les réseaux criminels associés en Amérique latine, aux Caraïbes et en Afrique de l’Ouest. Pour ce faire, il met en œuvre des activités visant à renforcer les capacités du réseau de renseignement maritime et de contrôle maritime/fluvial ; à accroitre les connaissances de partenaires sur les menaces maritimes et améliorer la coopération et le partage d’informations aux niveaux national, régional et transrégional. A titre d’exemple, plus de 80 saisies de différentes drogues et armes à feu ont pu avoir lieu grâce au travail d’équipes formées dans le cadre de ce projet dans les Caraïbes, le Golfe de Guinée et sur les côtes de du continent sud-américain.
Dans le Golfe de Guinée, le projet GoGin vise à améliorer la sureté et la sécurité maritimes afin de favoriser l’économie Bleue. Ce projet contribue tout particulièrement à soutenir les Etats qui coopèrent dans le cadre de l’Architecture de Yaoundé, à travers le déploiement, la formation et la promotion de la plateforme YARIS. Créée en 2020 dans le cadre de la première phase du projet, cette dernière vise à favoriser la coopération internationale et inter-administrations de l’ensemble des acteurs du domaine maritime au bénéfice de la sécurité et de la sureté de tous les usagers de la mer dans le golfe de Guinée. En cours depuis 2016, le projet vient de rentrer dans une nouvelle phase qui a débuté le 1er mai 2023.
Enfin, de manière complémentaire et dans la même zone géographique, le projet EnMar, qui a débuté en octobre 2022, vise à renforcer la cohésion des efforts de l’UE dans la région. Plus précisément, il contribuera à la promotion d’un dialogue politique entre les pays du Golfe de Guinée et l’UE, l’accroissement des synergies et de la cohésion entre les actions européennes en soutien à la sécurité maritime, la fourniture d’assistance technique et le renforcement des capacités des pays prioritaires ou encore l’amélioration de la connaissance de la stratégie maritime de l’UE dans la zone.
Indopacifique
Les projets CRIMARIO et ESIWA couvrent l’Afrique, l’océan indien et plus généralement la zone indopacifique et portent principalement sur la connaissance du domaine maritime et le partage d’informations. Initialement envisagés sous un angle de lutte contre la piraterie maritime, le spectre a évolué afin de couvrir les autres menaces qui nécessitent la même approche collaborative.
CRIMARIO, débuté en 2015, vise à améliorer la connaissance du domaine maritime grâce au partage d’informations, au renforcement des capacités et à la formation. Cet objectif a été atteint entre autres grâce à la mise en œuvre de la plate-forme « IORIS », outil de partage d’informations et de gestion des incidents et programme complet de formation en traitement des données maritimes (analyse et visualisation des données). Le projet est entré dans une seconde phase en 2020 qui étend son cadre géographique vers l’Asie du Sud et du Sud-Est tout en continuant à améliorer l’échange et l’analyse d’informations, renforcer la coopération inter-administrations en matière de surveillance maritime, de police, d’enquête et de justice et faciliter la mise en œuvre d’instruments juridiques internationaux et des accords régionaux.
Le projet ESIWA vise, lui, à approfondir les dialogues de sécurité avec les pays partenaires. Il facilite les échanges d’expertise et encourage la convergence entre les politiques et les pratiques de l’UE en matière de sécurité et celles des pays partenaires. Il contribue également à la bonne perception de l’UE en tant qu’acteur de la sécurité de la zone Indopacifique. Ce projet englobe différentes thématiques dont celle de la coopération maritime. Dans ce cadre, le projet a récemment organisé en collaboration avec le Collège européen de sécurité et de défense (ESDC) et le Collège national des affaires intérieures de Roumanie, un séminaire sur "Les défis de la sécurisation des espaces maritimes pour l'Union européenne : un focus sur l'Indopacifique". Cet événement a réuni 80 participants de 11 pays partenaires de la région ainsi que des collègues européens pour discuter des menaces émergentes, du concept de présence maritime coordonnée, de l'action de l'UE dans la région (EU NAVFOR ATALANTA, CRIMARIO, ESIWA…) ainsi que de la protection des infrastructures maritimes critiques et de la stratégie de l'UE pour l'économie bleue. A l’occasion d’une escale à Inchon (République de Corée) de la frégate française « Prairial », ESIWA a par ailleurs facilité la tenue d’une table ronde à bord du bâtiment, réunissant officiels et experts européens et coréens sur les convergences de vues en matière de sécurité maritime.
Au Kenya enfin, le projet Go Blue vise à renforcer la gouvernance et les capacités opérationnelles des acteurs kenyans en charge de la sécurité maritime, en vue de promouvoir un environnement favorable au développement de l’économie bleue. En 2022, 19 formations ont été organisées dans différents villages de pêcheurs le long de la côte ainsi que deux formations en coopération avec les garde-côtes kenyans. Le projet a également officialisé le développement de la Coastal Light App (en partenariat avec CRIMARIO).
Tous trois mis en œuvre par Expertise France et forts de leurs expertises respectives, ESIWA, CRIMARIO et GO BLUE travaillent en étroite collaboration afin d’apporter aux pays partenaires l’offre de coopération la plus large possible.
Méditerranée
Enfin, depuis 2020, Expertise France s’ouvre au sujet spécifique de la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, dans un objectif de renforcement de l’économie bleue, avec un projet en Algérie, indispensable pour l’essor du secteur économique halieutique. Plus spécifiquement, le projet entend renforcer les capacités des partenaires algériens afin qu’ils puissent assurer le suivi, le contrôle et la gestion de la pêche mais également sensibiliser les pêcheurs de la zone sur ces questions.
A l’avenir, Expertise France ambitionne de consolider son portefeuille sur les thématiques actuelles et d’approfondir son expertise sur le sujet de la sécurité portuaire que ce soit face aux menaces d’origine humaine ou vis-à-vis de l’adaptation et la résilience des infrastructures portuaires critiques face au changement climatique.
- GoGin : site web - fiche-projet
- SEACOP : site web - fiche-projet
- EnMar : fiche-projet
- CRIMARIO : site web - fiche-projet
- ESIWA : fiche-projet
- GO BLUE : site web - fiche-projet