Uruguay : EUROsociAL+ contribue à améliorer l'accès des femmes aux métiers scientifiques et technologiques

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Uruguay

En Uruguay, à travers le programme EUROsociAL+ financé par l’Union européenne, Expertise France travaille avec l'Administration nationale de l'éducation publique (ANEP) pour promouvoir l’accessibilité des filles et des femmes aux carrières dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM, ou STEM en anglais). Quatre domaines dans lesquels les stéréotypes de genre sont tenaces et où les femmes restent sous-représentées, comme le montrent de nombreuses statistiques.

29,3% : c'est le taux global moyen de femmes chercheuses (Unesco, 2019). En d'autres termes, seule une personne sur cinq qui fait de la recherche dans le monde est une femme, et l'écart se creuse au fur et à mesure que l'on monte dans l'échelle des carrières. Dans le domaine de l'intelligence artificielle, où seulement 22 % des professionnels sont des femmes, ce phénomène est particulièrement visible (Forum économique mondial, 2019).

Dans le domaine des sciences, comme dans de nombreux aspects de la vie en société, les femmes ont été reléguées à un rôle secondaire. La Journée internationale des femmes et des filles dans la science, qui a lieu chaque année le 11 février, nous rappelle qu'il est essentiel de reconnaître le rôle essentiel qu'elles jouent dans ce domaine. Et, comme le souligne Phumzile Mlambo-Ngcuka, secrétaire exécutive d’ONU Femmes, « il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour surmonter les obstacles auxquels les femmes et les filles sont encore confrontées dans la science ».

Les femmes sous-représentées dans les STIM en Europe et en Amérique latine

En Amérique latine et dans les Caraïbes, le nombre moyen de femmes dans le domaine des sciences est de 45,4 %. L’Europe, elle, compte « près de 15 millions de scientifiques et d'ingénieurs dans l'Union européenne, dont 59 % sont des hommes et 41 % des femmes » (Eurostat, 2018).

Si ces chiffres ne paraissent pas alarmants à première vue – puisque la parité entre les hommes et les femmes est presque atteinte –, il convient de souligner que les femmes scientifiques ont très souvent tendance à s'orienter plutôt vers les sciences sociales, naturelles ou médicales. Elles continuent en revanche d'être largement minoritaires dans de nombreux autres domaines des STIM, par un effet de ségrégation horizontale. Par exemple, sur le nombre total de chercheurs en ingénierie et en technologie, seulement 36 % étaient des femmes en Uruguay (2017). Cette répartition est particulièrement marquée dans le milieu universitaire. En outre, les femmes chercheuses restent sous-représentées dans la rédaction d'articles scientifiques et dans les plus hauts postes (source : ONU Femmes, 2019), par un effet de ségrégation verticale.
 

Source: Graphique élaboré par ONU Femmes à partir de données de l’UNESCO UIS (septembre 2019).


Certains Etats ont pris des mesures pour rendre ce phénomène visible. Par exemple, en Espagne, la campagne #NoMoreMatildas a été lancée en janvier 2021. Elle vise à intégrer les femmes scientifiques oubliées par l'histoire dans les manuels scolaires, et à créer en même temps des références qui éveillent des vocations dans les domaines des STIM chez les filles et les jeunes femmes. En Amérique latine, l’Uruguay est lui aussi mobilisé pour promouvoir l’accessibilité des filles et des adolescentes aux formations dans les secteurs STIM.

En Uruguay, une collaboration fructueuse entre EUROsociAL+ et l’ANEP

Plus précisément, en Uruguay, les processus éducatifs n'ont pas permis de parvenir à de plus grandes réalisations en termes d'égalité et de réelle équité entre les sexes dans l'accès aux carrières scientifiques et technologiques. Afin d'aborder ce problème et de réduire l'écart entre les sexes, Expertise France travaille avec l’Uruguay depuis 2017 à travers la composante « Politiques d’égalité de genre » d'EUROsociAL+, un programme financé par l'Union européenne et coordonné en consortium par la FIIAPP (leader) et l’Institut italo-latino-américain (IILA).

Cela a permis de soutenir la stratégie nationale de l'Uruguay pour promouvoir l'accessibilité des filles et adolescentes aux formations dans les secteurs STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). EUROsociAL+ a notamment :

• facilité l'identification des obstacles inhérents au système éducatif formel uruguayen,

• mené des actions pour promouvoir l'accessibilité des filles et des adolescentes aux domaines de formation STIM,

• a soutenu activement l'Administration nationale de l'éducation publique (ANEP) dans la conception d'un plan d’action global de promotion de l'accessibilité des femmes aux STIM.


Dans le cadre de l'élaboration de ce plan, Sarah Peers, experte d'EUROsociAL+, a réalisé une cartographie des programmes STIM européens avec une perspective de genre. Ce diagnostic a permis d'identifier les pratiques en vigueur en Espagne, en France et au Royaume-Uni. Ainsi, le système de bourses de formation scientifique en Uruguay a pu s’inspirer du modèle écossais où les familles collaboraient dans le processus de réflexion sur la vocation professionnelle précoce des adolescentes.

Des résultats en matière d’éducation à la citoyenneté

Les autorités uruguayennes ont approuvé ce plan d’action global en mai 2020 puis l’ont inclus dans le plan de développement de la formation éducative 2020-2024. La mise en œuvre du plan d’action global a déjà produit des premiers résultats en matière d'éducation à la citoyenneté : l'ANEP a créé des ressources de formation sur son site web et a diffusé une liste de ressources numériques destinées aux enseignants du primaire et du secondaire.

L'ANEP a également mis en place un groupe de référence de femmes scientifiques, avec lesquelles elle mène des activités de sensibilisation. En septembre dernier, quatre ateliers ont été organisés au sein du Pôle technologique Pando (spécialisé dans les biotechnologies), à l'intention des étudiants et des enseignants.

Le succès de cette collaboration est dû non seulement au soutien apporté par Expertise France dans le processus d'élaboration du Plan d’action global, mais aussi à l'appui fourni par EUROsociAL+ à l'ANEP pour instaurer une dynamique participative au sein du « Réseau genre » dont elle fait partie.

Poursuivre la déconstruction des stéréotypes liés au genre

Au cours de la dernière décennie, un certain nombre d'études (PISA, Pirls, Tims, etc.) ont montré que les différences de compétences entre les hommes et les femmes n'expliquent pas l'écart entre les sexes dans le domaine des STIM (Ceci, Williams et Barnett, 2009). Verónica Massa, directrice du département des droits humains de l'Administration nationale de l'éducation publique (ANEP) en Uruguay, estime que les stéréotypes et les préjugés sont l'une des principales causes de la sous-représentation des femmes dans la recherche en ingénierie et en technologie.


Des différences entre les femmes et les hommes sont également observées dans leurs conditions de travail en tant que chercheurs. Dans l'UE, la proportion de femmes chercheuses travaillant à temps partiel est plus élevée que celle des hommes (13 % contre 8%, source : Eurostat 2016). En termes d'égalité de rémunération, il existe toujours un écart important dans les professions de la recherche & développement scientifique. Enfin, selon le Forum économique mondial, les femmes reçoivent des subventions de recherche moins importantes que les hommes (Forum économique mondial, 2019).

Ces écarts dans le domaine des STIM transparaissent dans un dernier pourcentage, qui témoigne du caractère systémique de ce problème : seuls 3 % des prix Nobel de sciences ont été décernés à des femmes. Comme le dit Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, il est grand temps que « nous exploitions la créativité et l'innovation scientifiques de toutes les femmes et de toutes les filles et que nous investissions de manière adéquate dans l'intégration de l'éducation, de la recherche et du développement. Nous avons une occasion sans précédent d'exploiter le potentiel de la quatrième révolution industrielle au profit de la société ».

En 2021, Expertise France continuera, à travers le programme EUROsociAL+, à soutenir l'ANEP dans la mise en œuvre du Plan d’action global afin qu'il puisse être déployé efficacement en Uruguay et devenir un modèle inspirant pour les autres pays d'Amérique latine.

 

 


EUROsociAL+ est un programme de coopération entre l’Union européenne et l’Amérique latine qui vise à réduire les inégalités, améliorer les niveaux de cohésion sociale et renforcer les institutions dans 18 pays latino-américains, en soutenant leurs processus de conception, réforme et mise en œuvre de politiques publiques, les actions du programme se concentrant principalement sur les domaines de l’égalité entre les sexes, la gouvernance et les politiques sociales. Financé par l'Union européenne, le programme EUROsociAL+ est mis en oeuvre par un consortium dirigé par la FIIAPP (Espagne), qui réunit Expertise France, l'Organisation internationale italo-latino-américaine (IILA) et le Secrétariat centraméricain pour l'intégration sociale (SISCA).

 

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