Parole d’expert – Marianne Péron-Doise, conseiller stratégique du projet CRIMARIO

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Afrique subsaharienne
CRIMARIO est désormais entré dans la phase la plus active de son programme de renforcement des capacités maritimes des Etats d’Afrique de l’Est et du sud de l’océan Indien. Au-delà d’une offre de formation clairement identifiée par les partenaires régionaux, le projet se concentre désormais sur le développement d’une plateforme web collaborative, IORIS, facilitant le partage d’information et de gestion d’évènements de mer en temps réel.

Quels sont les enjeux de sécurité maritime dans l’océan Indien ?

Si la menace de la piraterie est désormais estimée sous contrôle, il faut que les Etats de la région puisse en prévenir la résurgence avec leurs propres moyens et qu’ils soient également capables de faire face à toute forme de criminalité transnationale organisée qui menace leur domaine maritime. S’y ajoutent les enjeux liés au développement durable et à l’économie bleue, notamment la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non règlementée, problématiques auxquelles les Etats africains accordent de plus en plus d’importance. C’est dire que la demande de sécurité maritime des pays riverains de l’océan Indien n’a jamais été aussi grande. Cette extension du champ des menaces maritimes régionales au-delà de la piraterie a fait l’objet en janvier 2017 d’une révision du Code de Conduite de Djibouti, mécanisme de coopération signé par 21 Etats, sous la dénomination d’amendement de Djeddah.

Comment le projet CRIMARIO appuie-t-il les Etats de la région en matière de sécurisation maritime ?

Avec CRIMARIO, Expertise France répond à un enjeu essentiel : renforcer le partage d’informations d’intérêt maritime à l’échelle inter-administrations et régionale en fournissant aux Etats côtiers de l’océan Indien qui le souhaitent les moyens d’une meilleure gouvernance maritime. Ceci passe par l’élaboration de cycles de formations maritimes spécifiques, la mise à disposition d’équipements ayant vocation à construire une image maritime régionale robuste et accessible, des consultations ou des études de faisabilités au profit des partenaires.

CRIMARIO a ainsi proposé aux partenaires régionaux la création d’une plateforme web de partage d’informations maritimes non classifiées, IORIS. Ce réseau fournira aux utilisateurs régionaux un moyen sécurisé d’échanger des informations, de collaborer et de gérer des évènements de mer nationaux ou régionaux menaçant l’environnement ou la sécurité et la sureté maritime.

A mi-parcours du projet, quel bilan tirez-vous de sa mise en œuvre ?

Lancé en 2015, le projet s’est consacré dans un premier temps à la mise en place d’une offre de formation dédiée à l’analyse des données d’intérêt maritime, d’ateliers spécifiques valorisant la coopération inter-administrations et régionale, ainsi qu’une aide à la conception de directives de partage de l’information. Dès 2016, la mise en place d’une lettre d’informations mensuelle, d’un site web dédié et d’un compte Twitter lui a donné une forte visibilité régionale, renforcé par l’activité de son bureau local basé à Mombasa.

Un rapprochement entamé avec le programme européen de sécurisation maritime, MASE, s’adressant aux pays d’Afrique orientale, australe et du sud de l’océan Indien a permis d’intégrer les besoins de formation du Centre Régional de Fusion d’Information Maritime (CRFIM) basé à Madagascar et du Centre Régional de Coordination des Opérations Maritimes (CRCOM) basé aux Seychelles. Cette action s’est intensifiée en 2017 en s’élargissant aux Comores.

Au 31 décembre 2017, CRIMARIO aura ainsi formé près de 371 spécialistes maritimes provenant en partie d’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Djibouti, Mozambique) et du sud de l’océan Indien (Madagascar, Seychelles, Comores, Maurice). En outre, à l’issue d’un premier cycle complet sur l’analyse de données d’intérêt maritime, six formateurs en visualisation ont été certifiés et une quinzaine d’analystes ont acquis des compétences de formateur, ce qui facilitera la mise à jour des connaissances et des pratiques.

Le développement et la promotion de la plateforme IORIS devrait constituer une priorité du projet pour 2018, de même que le renforcement des infrastructures de partage d’information (serveur régional AIS et réseau national AIS au Kenya).

 

Financé par l’UE et géré par Expertise France, CRIMARIO (Critical Maritime Routes in the Indian Ocean) vise à renforcer la sûreté et la sécurité maritimes dans l’ensemble de l’Océan indien, en appuyant les pays côtiers dans le développement de la connaissance de la situation maritime.

Pour en savoir plus : http://www.crimario.eu

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