Le numérique, nouvel outil au cœur des systèmes éducatifs de demain
L’éducation joue un rôle majeur dans le développement économique et social d’un pays. En Afrique notamment, ces enjeux sont au centre des préoccupations et de la nouvelle stratégie française en matière de coopération internationale, à l’image du Conseil présidentiel du développement qui fait de l’éducation et de la formation des professeurs un de ses objectifs prioritaires.
Pour ce faire, Expertise France se positionne sur une double dynamique en accompagnant à la fois l’apport du numérique dans l’éducation, mais également le développement de l’alphabétisation numérique, et le développement de compétences, basiques et avancées, dans le domaine des nouvelles technologiques.
En 2023, plusieurs projets sont en développement sur le numérique éducatif, prévoyant notamment la création d’espaces numériques pour la formation continue des enseignants, et l’appui à la création et à la diffusion de ressources éducatives innovantes, à la fois pour la classe et pour les élèves à la maison. L’inclusion numérique constitue un axe transverse prioritaire pour Expertise France qui est impliquée aux côtés de l’Union Européenne (UE) à travers des programmes structurants de formation au numérique dans le cadre du « Global Gateway » visant à réduire la fracture numérique et à favoriser l’innovation des acteurs privés et publics de ses pays partenaires.
En Afrique, le numérique renforce la professionnalisation du corps enseignant et des étudiants
Développement des compétences numériques des enseignants
Lors du Global Gateway Forum à Bruxelles en octobre dernier, la commissaire chargée des partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, a signé un protocole d’accord d’un montant de 46 millions d’euros pour faire avancer la mise en œuvre d’une initiative régionale en faveur des enseignants en Afrique (Regional Teachers Initiative in Africa – RTIA). Ce nouveau mécanisme entend soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de politiques durables en matière d’éducation et de développement professionnel pour les enseignants en Afrique. Ce programme sera mis en œuvre en format Team Europe par Expertise France, Enabel, et EDUFI.
« En tant qu’ancien enseignant, je sais personnellement qu’il n’y a pas d’éducation de qualité sans enseignants formés ! […] Le soutien à la main-d’œuvre enseignante en Afrique est un élément essentiel pour respecter les engagements pris par la communauté internationale lors du sommet sur la transformation de l’éducation l’an dernier », a déclaré à ce propos Mme Urpilainen.
Cette initiative régionale ambitionne, au-delà de veiller à ce que les politiques et pratiques des enseignants en Afrique subsaharienne contribuent à fournir une éducation de qualité pour tous, à mettre à l’essai des solutions innovantes pour la formation des enseignants en renforçant le déploiement d’outils et programmes d’apprentissage basés sur les compétences numériques et durables. Ce socle commun prévoit d’être inscrit dans un cadre régional afin de mieux regrouper et harmoniser les connaissances en matière d’éducation au numérique.
Compétences numériques des jeunes
L’UE s’est engagée à renforcer sa coopération et ses partenariats stratégiques avec les pays d’Afrique, et l’innovation numérique constitue un de ses domaines d’intérêt. Plus précisément, son objectif est de renforcer les pôles d’innovation numérique (PIN) existants en Afrique et de faciliter la collaboration entre l’Afrique et l’Europe.
Dans ce contexte, le projet AEDIB|NET financé par l’UE contribue à développer des infrastructures clés et à mettre en place des mécanismes de coopération stratégique pour encourager les activités de rapprochement en matière de renforcement des capacités techniques et de transfert de technologie entre les innovateurs africains et européens, et notamment les universités. Le soutien aux innovateurs et aux start-ups (AfriLabs, Digital Africa,…) passe à cet égard par une formation aux enjeux du numérique et aux nouvelles technologies grâce à une expertise européenne.
En Côte d’Ivoire, l’inadéquation entre les compétences acquises par les demandeurs d’emploi et les besoins des entreprises de la tech constitue une entrave à l’insertion professionnelle des jeunes. Soucieux de cette problématique, l’UE et les acteurs du secteur dont M. Koffi N'Guessan, ministre de l'Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l'Apprentissage (METFPA), ont mis en place le projet VET Toolbox 2, pour recentrer la formation des jeunes autour des priorités du marché du travail et des défis à venir en termes de compétences numériques.
Cofinancé à hauteur d’un million d’euros par l’UE et le ministère fédéral de la Coopération économique, VET TOOLBOX II est un programme qui vise à améliorer l’accès à l’emploi dans des secteurs économiques porteurs en Côte d’Ivoire, grâce à la formation continue des jeunes et des femmes constituant au total près de 64% de la population.
Le projet vise avant tout à encourager les investissements européens dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). « Le but du projet sera de former 500 jeunes dont 30% de femmes qui seront sélectionnées et formées dans le secteur des nouvelles technologies. Il faut qu’il y ait concordance entre l’offre et la demande pour les jeunes, il faut les professionnaliser pour qu’ils puissent trouver de vraies débouchées » a en outre indiqué Francesca Di Mauro, ambassadrice de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire.
Ce recentrage dans le financement des programmes éducatifs ivoiriens s’inscrit dans une logique d’adaptation aux nouvelles orientations du marché du travail, comme le rappelle Dramane Soulama, chef du projet VET Toolbox 2 en Côte d’Ivoire pour Expertise France : « Le programme VET TOOLBOX souhaiterait atteindre un taux d’insertion de 75 % et spécialiser les jeunes pour les besoins des entreprises ».
La Libye, un modèle dans l’intégration du numérique aux systèmes éducatifs nationaux
Fort du succès du projet Raqam-e, mis en œuvre jusqu’en 2022, visant à favoriser l’intégration économique des jeunes et des femmes grâce à la création d’écoles de code en Libye, le pays s’est engagé à poursuivre ses efforts en démarrant, grâce au financement et à la mobilisation d’Expertise France, le projet Raqameyon sur une durée de 12 mois supplémentaires dans l’optique d'améliorer les compétences numériques des jeunes libyens pour entrer dans l'ère de la transformation numérique. Le projet Raqameyon s’appuie sur les leçons tirées de Raqam-e, en capitalisant sur des sessions d'entraînement au développement informatique, des programmes de renforcement des capacités, et des hackathons.
« L'Autorité générale de l'information s'efforce de soutenir la transformation numérique en Libye à plusieurs niveaux, notamment en élaborant une stratégie nationale globale pour la transformation numérique dans le pays. Cette stratégie ne pourra être mise en œuvre sur le terrain que si la culture numérique est diffusée dans les environnements éducatifs et professionnels, si les capacités des employés des secteurs public et privé sont renforcées et si le niveau de formation offert aux jeunes intéressés par la technologie est amélioré en Libye. Le projet Raqameyon contribuera à améliorer notre vision de l'avenir et est considéré comme une étape positive dans la réalisation de nos objectifs », a déclaré M. Abdul Basit Al-Baour, président de l'Autorité générale de l'information en Libye.
Le projet entend notamment former plus de 2000 acteurs, publics comme privés, aux fondamentaux des nouvelles technologies, soutenir le ministère de l’Education dans le déploiement d’une plateforme de formation numérique formalisée et de sessions d’entrainement dans 5 écoles libyennes, et dispenser des formations aux compétences numériques pour plus de 240 entrepreneurs.
Technologie et numérique : en Amérique latine et dans les Caraïbes, l’UE s’engage dans la formation des jeunes pour l’emploi
Au Salvador, le gouvernement, sur financement de l'UE, a lancé un projet visant à développer les compétences numériques des jeunes. L'initiative LAMARR a à cet égard pour objectif de renforcer les compétences technologiques des populations vulnérables, favorisant ainsi l'accès à de meilleures opportunités d'emploi. Le projet vise à soutenir les centres de formation et les universités sur plusieurs aspects : contenu pédagogique, formation des formateurs, et intégration de la dimension numérique. Des stages sont proposés pour faciliter l'accès à l'emploi et aux opportunités économiques pour le public cible, et impliquer les entreprises dans la formation.
« Cette initiative de formation, mise en œuvre par Expertise France, facilite l’adéquation des profils aux contraintes du marché du travail, et appuie les opportunités de développement dans le domaine de la technologie pour les jeunes défavorisés », comme l'a expliqué François Bonet, ex-ambassadeur de France au Salvador.
Parmi les composantes du programme LAMARR, une formation technologique adaptée permettra aux jeunes d'accéder à de meilleurs postes au sein du marché du travail.
"C'est à travers les projets de formation des talents humains que nous cherchons à doter la population salvadorienne des aptitudes et des compétences exigées par le secteur des services numériques. Nous visons à offrir une formation intensive et de haute qualité qui permette aux participants d'avoir des profils plus compétitifs dans le secteur numérique et technologique, aujourd'hui et pour l'avenir", a déclaré la ministre de l’Economie, Maria Luisa Hayem.
A l’image du Salvador, c’est toute la région latino-américaine qui s’inscrit dans une dynamique de meilleure prise en compte du numérique dans le système éducatif des jeunes et dans les programmes de formation de l’enseignement supérieur.
A travers la plateforme D4D Hub (Digital for development), dans laquelle Expertise France est particulièrement active, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes souhaitent intensifier les synergies conduites avec l’Union européenne dans le partage de savoir-faire sur des enjeux d’avenir (cybersécurité, intelligence artificielle, géospatial). Cette alliance entre les deux continents vise à exporter l’expertise de l’UE dans la région Amérique latine et Caraïbes et à favoriser les contacts, les partenariats et les investissements dans l’économie numérique de la zone.
Enfin, l’UE contribue, via cette plateforme, à mettre en place un accélérateur numérique pour favoriser la collaboration entre les différentes parties prenantes et le secteur privé, la compétitivité, les compétences et l'innovation dans le domaine numérique. Cela passe par la promotion des investissements d'impact et le soutien au déploiement de services en ligne par des entités publiques et privées.