Renforcer les systèmes de santé en zone de stabilisation

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Irak
En zone de paix, comme en zone de stabilisation, Expertise France intervient pour renforcer les capacités des Etats et améliorer les services à leurs populations, notamment en matière de santé. Cet article présente l’action de l’agence dans le Nord-Est syrien, en Irak et en Ethiopie.

Depuis de nombreuses années, Expertise France intervient auprès des bailleurs internationaux et des organisations non gouvernementales afin d’accompagner les régions et communautés affectées par différents conflits. Partie intégrante de son ADN, l’agence contribue à renforcer les capacités des Etats à pouvoir délivrer et améliorer les services à leurs populations, notamment dans le secteur de la Santé.

Cette démarche s’inscrit le plus souvent dans des zones en paix mais peut aussi avoir lieu dans des régions en situation de crise ou de fragilité. Dans ces cas-là, Expertise France met en œuvre des programme de stabilisation et de relèvement aux côtés des autorités locales et des organisations de la société civile afin d’améliorer les conditions de vie des populations en favorisant le rétablissement progressif des services essentiels et de l’activité économique. A travers le renforcement de différents services de base, ces programmes visent également à accroitre la résilience des services publics et des populations dans leur ensemble.

Depuis 2019, l’agence est présente dans le Nord-est syrien (NES) à travers le projet HERNES qui œuvre à la réhabilitation des services de santé de base. Un nouveau projet visant à l’opérationnalisation du centre médical de Mossoul, en Irak, vient compléter, depuis 2022, l’action de l’agence dans cette zone et dans ce domaine. Sur le continent africain, le projet de réhabilitation de l’hôpital de Dessie, en Ethiopie, est quant à lui, un symbole des prémices de stabilisation de la région du Tigré. Focus sur ces trois projets phares de l’agence.

HERNES : renforcer l’accès aux services de santé primaire dans le nord-est syrien

Entre 2013 et 2017, une grande partie de la région nord-est de la Syrie a subi les conséquences de la prise de pouvoir de la zone part l’Etat islamique puis de la guerre menée à son encontre provoquant des destructions massives, qui ont considérablement fragilisé l'activité économique et l'accès aux services de base.

Afin d’appuyer les populations à se relever suite à ces années de conflits, Expertise France a lancé en 2019, le projet HERNES (HEalth Recovery in North-East Syria), dont l’objectif est de soutenir les services de santé primaire et secondaire afin de renforcer la résilience des populations et du personnel médical dans le nord-est de la Syrie. Lors des deux premières phrases financées par l’Union européenne et le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) pour un montant total de 14,7 M€, le projet a pu réhabiliter et approvisionner :

  • trois centres de soins de santé primaires (PHC) ;
  • trois Centres de Santé Primaires Intégrés (CPHC) comprenant des services de maternité;
  • quatre cliniques mobiles ;
  • un centre de dialyse (HERNES 1) ;
  • une maternité.

Les installations ont fourni en moyenne plus de 32 000 consultations par mois, la majorité d'entre elles (>75%) au profit des femmes et enfants de moins de 5 ans. De plus, plus de 600 personnels de soins de santé ont été formés. Avec avec le développement et la mise en œuvre de protocoles cliniques, la disponibilité et la qualité des services de santé ont été améliorées dans le NES. Enfin, les recherches conduites dans le cadre du programme ont permis d’informer les acteurs du NES sur les sujets clés pour le renforcement du système de santé dans la zone.

Le projet HERNES se poursuit jusqu’en 2025 par une phase 3 financé par le MEAE qui mettra l’accent sur la coordination du secteur de la santé et sur la formation, en particulier dans le domaine de la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile.

 

 

 

 

Projet d’opérationnalisation du centre médical de soins et de recherche (MRCC) de l’université de Mossoul : soutenir l’accès aux soins médicaux pour la population du gouvernorat de Ninive en Irak

Egalement impacté par le conflit avec l'État islamique en 2014, l'Irak a été le théâtre d'événements successifs qui ont contraint des millions de personnes à se déplacer à l'intérieur du pays. Et bien que le pays sorte progressivement d'un état de crise, il reste très fragile et confronté à de multiples défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires. Dans ce contexte, les populations ayant fui pendant le conflit, vers le Kurdistan et les régions environnantes, ne sont pas encore revenues. Une situation qui s’explique par les traumatismes liés aux exactions de l’Etat Islamique, les inquiétudes vis-à-vis des débris de guerre, logements endommagés ou détruit ; ou encore par le manque de services, notamment en matière de soins de santé et d'éducation.

Les infrastructures et le personnel de santé font notamment défaut dans les régions les plus touchées par le conflit (principalement les provinces de Ninive, d'Anbar, de Salah Al Din et de Kirkouk) et les dégâts causés par la violence constituent un obstacle majeur à l'accès aux soins de santé, particulièrement pour les plus populations les plus vulnérables.

Lancé en fin d’année 2022 et financé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 10 M€, le projet MRCC vise à améliorer les conditions de santé de la population du gouvernorat de Ninive, y compris les populations vulnérables, les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays, en fournissant une gamme de diagnostics et de soins de santé actuellement inaccessibles et en renforçant la formation médicale en vue d'atteindre un niveau d'excellence national. Le projet permettra d’ici 2025 :

  • d'assurer la réhabilitation du bâtiment et de l'équipement du MRCC afin de permettre le démarrage rapide des activités de diagnostic et de consultation externe qui sont actuellement peu ou pas disponibles à Mossoul, tout en assurant la mise en œuvre des normes internationales. Il s'agit notamment de développer des activités de laboratoire, d'imagerie médicale, de cardiologie, de neurophysiologie, d'endoscopie, d'urologie, de radiothérapie et de chimiothérapie à moyen terme ;
  • de renforcer le modèle institutionnel du MRCC pour la fourniture de soins médicaux, la formation et la recherche en favorisant les collaborations techniques et scientifiques avec les organisations médicales françaises. Pour ce faire, il s'agit de soutenir la gestion du centre à toutes les échelles.

Réhabilitation de l’hôpital de Dessie en Ethiopie : rétablir l’accès aux soins après l’accord de Paix

En Ethiopie, la cessation des hostilités dans le nord, à la suite d'un accord de paix signé début novembre 2022, laisse espérer une paix durable dans une région dévastée par deux ans de guerre. Le conflit a entraîné la destruction massive d’infrastructures publiques, des violations des droits de l’Homme et des déplacements forcés de populations. Face à cela, Expertise France est intervenue dès mars 2022 pour contribuer au rétablissement de l’accès aux soins dans la ville de Dessie, à travers la mise en œuvre d’un projet financé par l’Union européenne et la France visant à réhabiliter et rééquiper l’hôpital local, offrant des soins à un bassin de populations de plus de 10 millions de personnes.

Dès novembre 2022, un premier lot de matériel médical a été livré à l’hôpital pour accompagner la reprise des soins de santé essentiels, symbole de la stabilisation en cours dans le pays. Les prochains mois seront marqués par de nouvelles dotations d’équipements nécessaires pour relancer l’offre de soins de santé ainsi que par divers travaux de réhabilitation afin de rendre l’hôpital opérationnel.

En parallèle, l’agence a participé à une mission conjointe avec le MEAE français et l’AFD au Tigré. Elle a permis d’identifier trois autres structures de santé à soutenir dans les régions Amhara, Afar et du Tigré. Suite à cela, l’équipe d’Expertise France a immédiatement mené des analyses des besoins dans l’optique de mettre en œuvre des projets de réponse rapide dans ces structures et poursuivre son action au profit de la résilience des services publics et des populations affectées par ce conflit.

 

 

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