Moyen-Orient : face au Covid-19, allier les réponses sanitaire et économique

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Afrique du Nord / Moyen Orient
Au Moyen-Orient, la pandémie de Covid-19 et ses conséquences socio-économiques touchent déjà durement les populations. Face à l’urgence, Expertise France a placé le soutien aux systèmes de soins et à la résilience économique au cœur de son appui, dans la continuité des projets de stabilisation que l’agence met en œuvre au Liban, en Syrie et en Irak. Expertise France travaille pour cela en lien étroit avec les organisations de la société civile locale, en première ligne pour répondre à la crise sanitaire sur le terrain.

Afin de limiter les conséquences sanitaires mais aussi sociales et économiques de la pandémie au Liban, en Irak et en Syrie, deux priorités : prévenir la possible extension du virus en équipant les structures de soins et en formant leurs personnels, et garantir des moyens de subsistance aux populations les plus vulnérables, notamment les personnes déplacées.

Dès mars 2020, Expertise France s’est mobilisée dans le cadre des projets de coopération qu’elle met en œuvre sur financement de l’Etat français et de l’Union européenne dans ces trois pays, en cohérence avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de prévention et de lutte contre le Covid-19. Dans la continuité de son action dans la région, Expertise France a travaillé en étroite coordination avec des partenaires locaux chargés de mettre en œuvre les activités sur le terrain.

Sensibiliser pour prévenir l’extension du Covid-19

En Syrie, même si les chiffres officiels sur le nombre de personnes touchées par le Covid-19 restent faibles à ce jour, la menace d’une extension de l’épidémie représente un risque pour les populations : fin juin 2020, les Nations unies ont souligné que le système de santé syrien n’était pas préparé à une épidémie de grande ampleur. Dans la zone d’Idlib par exemple, dans le nord-ouest du pays, la crise du Covid-19 pourrait aggraver la crise humanitaire qui a causé le déplacement de plus de 900 000 personnes depuis décembre 2019.

Pour prévenir l’extension de la pandémie dans le pays, une première priorité : sensibiliser les habitants et acheminer les matériels nécessaires à la lutte contre le coronavirus.

Ainsi, dans le nord-ouest de la Syrie, des campagnes de sensibilisation ont été organisées, les mesures de prévention ont été renforcées et des kits d'hygiène ont été distribués en parallèle de chaque activité du programme RRM-Initiative de Gaziantep, mis en œuvre par Expertise France sur financement de l’Union européenne.

Dans le nord-est syrien, Expertise France a dès le printemps appuyé l’action d’ONG partenaires dans le cadre du projet INES, financé par le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Les ONG ont ici aussi procédé à la distribution de kits d’hygiène (incluant du savon et des bidons d’eau) et de brochures reprenant les recommandations de l’OMS, à la fois dans les zones où elles interviennent et dans un camp de réfugiés.

Renforcer la capacité d’action des soignants

En complément d’actions de sensibilisation, Expertise France a appuyé le renforcement des capacités des personnels soignants.

Dans le cadre d’HERNES, un projet axé sur le renforcement de la réponse sanitaire dans le nord-est syrien, Expertise France a travaillé avec une ONG partenaire sur le terrain pour organiser des formations en réanimation et en ventilation. Ces formations visaient à renforcer le bagage théorique et pratique des personnels soignants pour pouvoir palier à l’afflux de patients en détresse respiratoire – caractéristique principale des cas graves de coronavirus. Elles ont permis de former cent personnes travaillant dans cinq ONG médicales.

Ces activités de formation ont été complétées par l’acheminement de matériels nécessaires à la lutte contre le coronavirus. Dans les centres de soins soutenus par le projet HERNES, l’appui s’est notamment matérialisé par la mise en place de protocoles pour réduire les risques de transmission du virus (distanciation physique, messages de sensibilisation, triage des patients…) et l’achat d’équipements de protection individuelle (masques, lunettes de protection, blouses…) pour protéger les personnels de soin et éviter la contamination des patients sains. Co-financé par l’Union européenne et le Centre de crise et de soutien (CDCS), le projet HERNES travaille aussi sur la prévention et le contrôle des infections (PCI) ainsi que sur la gestion des déchets médicaux, potentiellement infectieux.

La même démarche d’équipement des structures de soins a également été suivie dans le nord-ouest dans la Syrie : dans le cadre du programme RRM-Initiative de Gaziantep, un financement complémentaire de l’Union européenne a permis d’acheter et de livrer un générateur d’oxygène et des équipements respiratoires à l’hôpital national d’Idlib, afin de faciliter la prise en charge des patients souffrant d’insuffisance respiratoire. En complément, les équipements respiratoires de 11 autres centres de santé ont été réhabilités.

Un appui d’urgence aux populations les plus vulnérables

Autre volet de la réponse d’urgence : l’appui aux populations vulnérables, privées de revenus suite aux mesures de confinement ou au ralentissement économique. Le programme RRM-Initiative de Gaziantep agit en ce sens, par le biais d’un soutien à l’activité économique locale et à la sécurité alimentaire. C’est aussi le cas du projet Shabake, au Liban, qui a soutenu au printemps les initiatives de trois associations partenaires mobilisées pour la sécurité alimentaire des populations vulnérables dans les gouvernorats du Akkar, du Sud-Liban et de la Bekaa.

Le pays, qui souffrait déjà d’une crise économique et financière, est durement touché par les conséquences socio-économiques de la pandémie, aggravées par les explosions dans le port de Beyrouth le 4 août. De nombreux habitants sont confrontés à une chute de leur pouvoir d’achat et 45% de la population se situe désormais sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Grâce à la réallocation des fonds du projet Shabake, plus de 1700 paniers alimentaires ont été distribués à plus de 1200 ménages au LIban entre mai et juillet 2020 par Akkar Network for Development (dans le Akkar), l’Association Najdeh (dans le camp de réfugiés Ain El-Hilweh, au Sud-Liban) et Fair Trade Lebanon (dans le centre et l’ouest de la Bekaa). Des brochures d’information sur le Covid-19 accompagnaient ces paniers alimentaires.
 


Cette réaction immédiate à l’épidémie était nécessaire pour garantir que les besoins nutritionnels de base des communautés affectées par la crise sanitaire et ses conséquences économiques soient assurés, ainsi que pour informer et sensibiliser sur la nouvelle maladie à coronavirus, en cohérence avec les recommandations de l’OMS.

Contribuer à réduire les vulnérabilités

Cette mobilisation dans l’urgence sera prolongée dans les prochains mois par la mise en œuvre de projets visant à réduire la vulnérabilité des populations vivant au Liban (moyens de subsistance, violences conjugales ou familiales…), en partenariat avec les sept associations partenaires du projet Shabake. Celles-ci sont au cœur de ce projet financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par Expertise France, qui vise à renforcer le rôle de la société civile libanaise dans la prévention et la gestion des crises. D’autres initiatives sont également à l’étude pour contribuer à la réponse d’urgence suite aux explosions du 4 août puis, à moyen terme, à la reconstruction et aux retours des services de base.

Dans la même logique, dans le gouvernorat de Ninive (Irak), Expertise France et la plateforme associative NCCI ont sélectionné deux organisations de la société civile irakienne afin de les aider à atténuer les effets socio-économiques du Covid-19 et à améliorer les conditions de vie des ménages vulnérables. Spécialisées dans la mise en  œuvre de projets qui contribuent à la sécurité alimentaire et au redressement économique des territoires, Al Rakeezeh Foundation for Relief and Development (RRD) et Critical Needs Support Foundation (CNSF) bénéficieront d’une subvention dans le cadre du projet Yanhad. Ce projet de 6,5 M€ financé par l’Union européenne et le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères vise à agir sur le lien social en Irak, particulièrement au niveau de la jeunesse en soutenant l’engagement civique et l’entrepreneuriat des jeunes dans le pays.
 

Face au Covid-19, allier les réponses sanitaire et économique

Crédits : DR / Association Najdeh / Fair Trade Lebanon / Akkar Network for Development

 

En savoir plus sur Expertise France en Irak : www.expertisefrance.fr/irak

En savoir plus sur Expertise France au Liban : www.expertisefrance.fr/liban

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