Rencontre avec le lieutenant-colonel José-Nicole Kouadio Ake, passionnée de la mer

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Côte d'Ivoire
A l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme 2020, WeCAPS, projet de l’Union européenne mis en œuvre par Expertise France, revient sur le parcours du lieutenant-colonel José-Nicole Kouadio Ake. Point focal du projet WeCAPS en Côte d’Ivoire, elle est administratrice principale des Affaires maritimes et portuaires et secrétaire technique en charge des Affaires maritimes et portuaires pour le Secrétariat permanent du Comité interministériel de l’action de l’Etat en mer de la Primature de Côte d’Ivoire. Elle s'est entretenue avec Marion Piccio, experte communication du projet WeCAPS.

Aujourd’hui, la méconnaissance des activités maritimes, ainsi que le poids des traditions socioculturelles qui animent les métiers de la mer, considérés comme des bastions masculins, ont laissé peu de place aux femmes dans ce milieu. Pourquoi alors avoir choisi ce métier ?

José-Nicole Kouadio Ake – Lorsque l’on me pose cette question, c’est souvent avec le sourire que je réponds. Au départ, ce qui n’était qu’une simple ambition, celle de trouver un travail, est devenue au fil du temps une passion. Curieuse et disposée à ouvrir mon esprit à un monde que peu de femmes rejoignaient, à cette époque, j’avais en moi l’envie de découvrir ce que ce monde recelait.

Votre CV est impressionnant et votre parcours professionnel l’est tout autant. Vous occupez un poste avec énormément de responsabilités. Vous n’êtes pas arrivée là par hasard : quel parcours étudiant avez-vous choisi de suivre ?

L’Ecole nationale d’administration d’Abidjan, option affaires maritimes et portuaires. J’entrouvrais sans le savoir les portes d’un monde complexe aussi vaste que l’océan. Un monde difficile mais ô combien passionnant, composé d’êtres à la fois fragiles et forts, car il en faut de la force pour braver les écueils et combien plus encore lorsqu’on est une femme. Au-delà de l’aspect académique de ma formation, j’étais également attirée par le prestige de l’uniforme. Il faut dire qu’une femme en tenue, ça intrigue, ça fascine surtout dans un milieu où les femmes sont sous-représentées et où les hommes règnent.

Justement puisque vous abordez de nouveau la question des femmes comment voyez-vous la situation aujourd’hui par rapport à vos débuts dans le milieu ?

Heureusement, le monde change de cap. Place aux femmes, place à LA femme. La femme dans toute son entièreté et dans toute sa diversité. Le monde maritime s’ouvre à la femme : l’ONU en a fait un objectif de développement durable et l’Organisation maritime internationale (OMI), par ses programmes et son appui aux femmes du secteur, contribue à réduire les inégalités.

Parlez-nous un peu de votre métier. Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui dans votre profession ?

En tant qu’administratrice des affaires maritimes et portuaires, au sein d’une structure de coordination des activités des administrations civiles et militaires ayant des compétences en mer, je participe à la conception, à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques maritimes nationales et internationales, en matière de sécurité et de sûreté maritimes, de protection de l’environnement marin, de développement de l’économie maritime et d’intensification de la coopération internationale. J’ai en fait un mode de vie : l’amour de mon travail, ma passion pour le monde maritime, ma tristesse devant les agressions dirigées contre le milieu marin et son écosystème constituent l’essentiel de ma vie professionnelle.

Et le projet WeCAPS dans tout ça ?

Dans le cadre de mes activités, je suis appelée à suivre la mise en œuvre de projets de coopération. C’est ainsi que l’ai été désignée, par mon responsable hiérarchique, comme point focal du projet WeCAPS. Ce projet de l’Union européenne, mis en œuvre par Expertise France, apporte un appui aux Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Centre en vue de l’amélioration de la sécurité, de la sûreté et de la gouvernance portuaire. Les ports ivoiriens, véritables moteurs de l’économie ivoirienne, sont pleinement engagés dans la réussite d’un tel projet qui ne peut que contribuer à asseoir et à conforter leurs positions stratégiques.

Soutenir la participation des femmes dans le projet WeCAPS est un défi important à relever car les femmes qui interviennent dans le domaine maritime et portuaire sont également des modèles en matière d'égalité des sexes, ce qui incite les femmes et les filles à défendre leurs propres droits et à faire carrière dans ce domaine. Un message à leur transmettre en ce sens ?

Femmes d’aujourd’hui, notre force passe encore et toujours par le travail bien fait, par notre compétence professionnelle et par la recherche d’un mieux-être. Au-delà de cet aspect, il n’en demeure pas moins que je garde mon rôle de femme et de mère, soucieuse de l’avenir de mes filles et de mes filleules à qui j’essaie d’inculquer l’amour du travail bien fait.

Le mot de la fin ?

Le combat que nous menons pour l’autonomisation de la femme nous demande d’être des femmes fortes, battantes, dynamiques. Pour moi être une femme, loin d’être un handicap, est une fierté. Je suis fière d’être une femme et fière d’être une femme du monde maritime et portuaire.
 

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Aujourd’hui, l'autonomisation des femmes est essentielle pour étendre la croissance économique et promouvoir le développement social. WeCAPS s’engage à donc pour la promotion de l'aide au développement axée sur les femmes, et l'égalité des chances pour les femmes, afin d’avoir un fort impact sur la résilience économique et sociale des pays partenaires du projet.

Pour en savoir plus, consultez la fiche-projet de WeCAPS

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