Afghanistan : protéger le patrimoine et lutter contre le trafic de biens culturels

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Afghanistan

La Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) a fait de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels l’une des priorités de son agenda européen du premier semestre 2022. Découvrez comment Expertise France contribue à lutter contre ce fléau en Afghanistan notamment par le biais de programmes de formations.

Le 24 et 25 mai derniers se sont tenus les deux premiers jours d’un programme de formation sur la protection du patrimoine et la lutte contre le trafic illicite de biens culturels afghans. Mis en œuvre par Expertise France à la demande de l’Ambassade de France à Kaboul, ces premières  journées de formation se sont tenues à l’Institut National du Patrimoine, partenaire de premier plan dans le domaine de la protection du patrimoine.

Afin de protéger efficacement le patrimoine culturel Afghan et lutter contre le trafic illicite de biens culturels, la mise en place de ce programme de formation vise en premier lieu à favoriser un transfert de connaissance, un partage de bonnes pratiques, ainsi qu’une mise en réseaux d’experts afin de renforcer les capacités et l’expertise afghanes dans ce domaine. Pour répondre à ces objectifs, Expertise France a réuni des partenaires de renoms qui sont intervenus face à 10 bénéficiaires afghans issus de la société civile, aujourd’hui en exil. Retour sur deux journées d’une formation dense et riche.

La protection du patrimoine comme chantier prioritaire

Le pillage et le trafic illicite de biens culturels ne sont pas des faits nouveaux en Afghanistan. La destruction par les Talibans en 2001 de deux Bouddhas géants sculptés dans une falaise à Bamiyan, au centre du pays, demeure une perte patrimoniale catastrophique et marquent encore les esprits. 20 ans après, le choc de la reprise de pouvoir par les Talibans en août 2021 suscite l’inquiétude de la communauté internationale.

La Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) a fait de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels l’une des priorités de son agenda européen du premier semestre 2022. L’organisation le 1er février dernier d’une conférence au Louvre pour le renforcement de  la coopération européenne dans la lutte contre ce trafic, puis la tenue d’une réunion informelle des ministres européens de la culture ont favorisé la mise en réseau des acteurs de ce domaine et permis l’identification de pistes d’action. Dans ce cadre, la Commission a adopté un plan d’action contre le trafic de biens culturels pour la période 2022-2025, afin de désorganiser les activités criminelles et de protéger le patrimoine culturel. Ces évènements soulignent l’engagement de la France et de l’Union Européenne pour lutter contre ce fléau et intensifier les initiatives en faveur d’une meilleure protection du patrimoine à l’échelle internationale. Par la mise en œuvre de ce projet de formation à destination d’experts afghans, Expertise France joue un rôle prescripteur dans ce  à ce combat.

Endiguer le fléau à la source : la protection des sites patrimoniaux

Situé à un croisement important de l'ancienne route de la soie, entre la Chine, l’Iran, l’Inde, l’Asie centrale et l’ancien mpire russe, l’Afghanistan possède un patrimoine culturel unique témoignant d’une histoire marquée par le brassage complexe entre différentes cultures  depuis plus de 5000 ans : les Achéménides de Perse, la Grèce d'Alexandre le Grand, le Bouddhisme, l'Hindouisme ou encore l'Islam. Le patrimoine culturel afghan représente ainsi une immense richesse pour le pays mais aussi pour la mémoire universelle de l’humanité. Environ 5 000 sites archéologiques ont été identifiés dans le pays et certains fouillés, notamment par les équipes franco-afghanes de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), qui fête son centenaire cette année. Le pillage des sites patrimoniaux constituant la première étape du trafic illicite de biens culturels, la protection de ces sites afghans et des trésors qu’ils recèlent doit être une priorité.

Dans ce cadre, Expertise France a donc fait le choix d’agir avant tout sur la source du problème en axant le programme de formation sur la protection des sites patrimoniaux et la lutte contre leur pillage. Contexte, enjeux ou encore méthodes des pillages sont autant de problématiques abordées lors des journées de formations. Le sujet étant vaste et multi-facette, biens d’autres aspects liés au phénomène sont également développés, tels que l’encadrement juridique, la traçabilité des œuvres volées, le passage des douanes ou encore le blanchiment d’argent. Endiguer le fléau à sa source, tout en prenant en compte la chaine du problème dans sa totalité, tel est l’angle d’attaque mis en œuvre par Expertise France pour lutter contre le trafic illicite de biens culturel et protéger le patrimoine afghan.

Un programme de haut niveau favorisant un transfert de connaissances et de bonnes pratiques

Expertise France a  fait appel pour cette formation à des partenaires de haut niveau issus de grandes institutions internationales – INHA, musée du Louvre, UNESCO, ministère de armées, ministère de la Culture, CNRS, DAFA… -  encadrés par l’Institut national du patrimoine  Et coordonnés par Vincent Michel, Professeur d'Archéologie de l'Antiquité classique d'Orient. La diversité et la qualité des intervenants et partenaires ont permis des échanges très riches.

Face à ces intervenants de haut niveau se trouvent de jeunes experts afghans engagés, ayant fait leurs preuves dans les meilleurs établissements universitaires français dans diverses spécialités (patrimoine, droit, sécurité, coopération internationales…). Ils forment aujourd’hui une « Task Force » afghane et sont destinés à acquérir un haut niveau d’expertise dans ce domaine pour mettre a posteriori leurs connaissances au service de leur pays.

Une deuxième session de formation aura lieu du 5 au 9 septembre axée notamment sur les questions de coopération judicaire, et les services d’enquête nationaux et internationaux.

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