Projet MEDTIC : les nouvelles technologies contre les faux médicaments en Côte d’Ivoire

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Le projet MEDTIC a pour ambition de mettre en avant l’innovation numérique au profit du bon usage des médicaments essentiels tels que les antipaludiques, les antituberculeux ou les antirétroviraux en Côte d’Ivoire. Porté par la Nouvelle Pharmacie de la santé publique (Nouvelle PSP), il s’agit d’un projet pilote financé par L’Initiative (anciennement Initiative 5%) qui a pour objectif de renforcer les capacités de lutte contre les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés.

L’accessibilité et la disponibilité pour les populations ivoiriennes à des produits de santé sûrs, efficaces et de qualité reste un défi majeur pour les autorités ivoiriennes, qui se sont engagées dans une démarche de lutte contre les faux médicaments. Selon certaines statistiques, notamment fournies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces derniers représenteraient jusqu’à 30% pour certaines classes thérapeutiques de médicaments en Côte d’Ivoire. Dès lors, il apparaît nécessaire de développer, par le biais de stratégies novatrices un système d’assurance qualité efficient des produits de santé axé sur la traçabilité, le contrôle de la qualité continu et la pharmacovigilance.

Des outils pour surveiller le marché et détecter les faux médicaments

Dans cette logique, le projet pilote MEDTIC intègre les nouvelles technologies comme outils de base afin d’assurer en continu la surveillance du marché et de lutter contre les médicaments de qualité inférieure et falsifiés. Il accorde une attention particulière aux antipaludiques, aux antituberculeux et aux antirétroviraux, conformément au mandat du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et à celui de L'Initiative (anciennement Initiative 5%) – les médicaments antipaludiques faisant d'ailleurs l’objet d’une forte tendance à la falsification.

Plus spécifiquement, grâce aux nouvelles technologies, MEDTIC a travaillé à développer :

Un système de traçabilité des médicaments, Authentimed®, par apposition d’un code Datamatrix sur les conditionnements des antipaludiques ;

L’e-notification des effets indésirables, med-safety®, notamment des antirétroviraux, antipaludiques et antituberculeux ;

Le contrôle de la qualité des médicaments entrant sur le territoire pour réduire le trafic illicite de faux médicaments, par une technologie de spectrophotométrie IR, portative, Raman®.

Deux applications mobiles ont notamment été retenues pour faciliter le travail des autorités ivoiriennes. Développée en lien avec Innovative Medicines Initiative (IMI), l’Agence britannique du médicament et l’OMS, l'application Med Safety® permet aux médecins et aux patients de signaler les effets indésirables de médicaments. L'application Authentimed®, pour sa part, facilite l’authentification et la traçabilité des produits pharmaceutiques, ce qui sécurise le circuit de distribution. Enfin, un spectrophotomètre Raman®, acheté dans le cadre du projet, permettra d’analyser la composition qualitative des médicaments qui transitent par les douanes, notamment aux ports et aéroports.

La Côte d’Ivoire mobilisée dans la lutte internationale contre les faux médicaments

Le dernier volet du projet MEDTIC concernant le renforcement des dispositifs juridiques en matière de lutte contre le faux médicament, a permis d’accompagner le processus d’adhésion de la Côte d’Ivoire à la convention MEDICRIME, rendue effective par sa signature, le 3 juillet 2019, au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg, par Dr Aka Aouele, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique.

Fort de cette adhésion, le projet MEDTIC accompagne la création d’une brigade d’intervention de lutte contre les faux médicaments et l’opérationnalisation d’une plateforme réunissant les acteurs principaux de la lutte, pour des investigations et des saisies plus performantes. Ces activités sont renforcées par de la formation des professionnels.

Initialement prévu de septembre 2017 à septembre 2019, MEDTIC a été prolongé de 12 mois. Le projet est porté par la Nouvelle Pharmacie de la santé publique (Nouvelle PSP), en consortium avec l’Autorité ivoirienne de régulation pharmaceutique (AIRP), le Laboratoire national de santé publique (LNSP) et la direction de l’Activité pharmaceutique (DAP), de Côte d’Ivoire. Il est financé à hauteur de 0,96 M€ par L’Initiative, seconde modalité de la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dispositif d’assistance technique reconnu par ses bénéficiaires et ses administrations de tutelle, L’Initiative s’est affirmée depuis 2011 comme un acteur clé de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Une évaluation finale de ces trois initiatives pilotes sera envisagée en fin de projet, pour éventuellement un transfert au Fonds mondial pour des financements additionnels et un élargissement des champs d’intervention.

 

Cet article est extrait du dossier thématique « Disponibilité, accessibilité, qualité : trois enjeux pour le médicament en Afrique ».

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