« Nos solutions sont dans la Nature » : le Costa Rica à l’honneur du thème de la journée mondiale de la biodiversité 2020

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Costa Rica

Expertise France renforce son partenariat avec le Costa Rica dans le cadre du projet « Post 2020 Biodiversity Framework – EU Support ». Pays pionnier et visionnaire, le Costa Rica est porteur de solutions innovantes et a lancé, lors de la journée mondiale de la biodiversité ce 22 mai, un cycle d’activités pour l’intégration de la biodiversité.

Tandis que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière les risques liés à  l’interférence de l’Homme sur la biodiversité à travers le trafic de faune sauvage, la destruction des habitats et des écosystèmes naturels et certaines pratiques de l’élevage intensif, la journée mondiale de la biodiversité célébrée ce 22 mai sur le thème « Nos solutions sont dans la Nature » revêt cette année une importance particulière.

Avec un agenda international bousculé, l’année 2020, programmée pour être une « super année pour l’Homme et la Nature » avec plusieurs temps forts (Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature – IUCN, Sommet des Nations unies pour la biodiversité, etc.), a marqué le nom du prochain cadre mondial pour la biodiversité, qualifié de « post-2020 ». Du même nom, le projet « Post 2020 Biodiversity Framework - EU support » mis en œuvre par Expertise France et financé par le Service des instruments de politique étrangère de l’Union européenne, accompagne le processus de négociation et le début de la mise en œuvre de ce futur cadre, qui devrait être adopté lors de la 15ème Conférence des Parties à la Convention pour la diversité biologique (CBD COP15) prévue en Chine.  

Préparer la COP15 sur la biodiversité

Reportée à une date encore indéfinie au printemps 2021, ce temps supplémentaire doit permettre à la communauté internationale de mieux se préparer dans un contexte où l’importance vitale de préserver et vivre en harmonie avec la Nature s’est si brutalement rappelée à l’humanité.

Les dernières discussions du groupe de travail pour le cadre mondial (OEWG2) réuni en février à Rome ont porté sur la définition des cibles et des objectifs du cadre, des moyens – notamment financiers – et des modalités de mise en œuvre, notamment de l’agenda de l’action pour les acteurs non-étatiques, ainsi que sur les questions de transparence et responsabilité. Alors qu’il est à présent établi par la communauté scientifique que les causes de la pandémie Covid-19 sont grandement liées à la destruction massive de la biodiversité, la COP15 devra contribuer à proposer un nouveau modèle répondant à la crise sanitaire et écologique, devenue économique et sociale, par un traitement intégré des enjeux et des solutions. 

Vers un cadre mondial intégré et inclusif

Les questions d’intégration des différentes conventions internationales sur la biodiversité, déjà à l’ordre du jour, devraient gagner en importance. L’articulation avec la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), outil de la lutte contre le trafic d’espèces menacées, et avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC), décisive pour la prise en compte du rôle des solutions fondées sur la nature dans la prévention et le traitement des enjeux de santé devront devenir prioritaires. Mais cela posera surtout avec plus d’acuité l’implication des cadres internationaux régulant les autres enjeux (commerce international, santé, production alimentaire, etc.) et l’articulation avec les objectifs de développement durable (ODD) où santé, biodiversité et développement humain tiennent une place de choix.

Pour donner corps à ce nouveau cadre, la COP15 devra nécessairement inclure l’ensemble des acteurs non étatiques à travers son agenda de l’action et prévoir les moyens d’opérer le changement transformationnel nécessaire à une transition écologique et sociale mondiale. Cette inclusivité devra s’exprimer tant vis-à-vis des acteurs locaux et sous-nationaux – au regard du rôle clé de leur leadership innovant et résilient face aux crises – et de la société civile que des entreprises, des banques de développement et du secteur financier. Il s’agira d’investir et d’impliquer concrètement les arènes où se gouvernent les pressions majeures exercées sur la biodiversité. Cette large mobilisation sera clé pour donner les moyens de l’opérationnalisation du nouveau cadre mondial. Ils devront être diversifiés et massifs, dans le contexte d’une réflexion systémique sur les moyens d’une reconstruction « en mieux » et d’une transition écologique et sociale dans le contexte post-crise.

Le Costa Rica, pays pionnier et visionnaire

A de nombreux égards, le Costa Rica apporte des réponses en matière de changement transformationnel  et de transition dont la communauté internationale devra se saisir pour que le prochain cadre mondial pour la biodiversité consacre l’avènement effectif d’une nouvelle relation entre l’Homme et la Nature.

Consacré champion de la Terre par les Nations unies en 2019 pour son rôle pionnier dans la lutte contre le changement climatique, le pays plaide pour le développement des solutions fondées sur la nature par le relèvement de la surface d’aires protégées à 30% de la superficie de la planète. Co-leader de la Coalition pour la haute ambition[1], le Costa Rica défend cet objectif comme seul moyen d’assurer un développement à même d’enrayer la perte de biodiversité et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. Son leadership s’appuie sur l’exemplarité d’une politique nationale forte d’une trajectoire de décarbonation totale de son économie d’ici 2050, doublée d’une intégration transverse complète de la biodiversité dans tous les secteurs d’activités économiques (transport, énergie, culture et éducation, etc.) et soutenue par des choix de politiques publiques ambitieux.

Libérant tout le potentiel des solutions fondées sur la nature, le pays montre la voie à de nombreux pays en proposant des méthodes d’inclusion novatrices de tous les pans de la société (consultations en ligne, comités sectoriels, etc.). Ces approches ont insufflé des dynamiques d’appropriation de la biodiversité, notamment au sein des entreprises et des banques. Ces dernières sont décisives pour la mise en place de mécanismes financiers alternatifs aux fonds privés, soutenant l’utilisation durable et la sauvegarde de la biodiversité. C’est d’une importance fondamentale pour opérer le changement de paradigme nécessaire et capter le potentiel de la Nature comme issue cruciale aux crises globales interconnectées que nous traversons.

Un cycle d’activités ambitieux pour l’intégration de la biodiversité dans la politique nationale

En partenariat avec le ministère de l’Environnement et de l’Energie (MINAE) du Costa Rica, le projet « Post 2020 Biodiversity Framework - EU support »  organisera une série d’activités et de consultations intitulé « Vers l’intégration de la biodiversité dans la politique nationale du Costa Rica » (« Paths towards mainstreaming biodiversity in Costa Rica National Policy ») sous plusieurs formats innovants, dans le respect des principes de genre, d’équité et d’égalité.

La cérémonie de lancement, prévue pour la journée mondiale de la biodiversité ce 22 mai, a été inaugurée par le Président de la République du Costa Rica, Carlos Alvarado Quesada. Elle a été suivie d’une intervention en direct du ministre de l’Environnement et de l’Energie du Costa Rica, Carlos Manuel Rodriguez. L’ambassadrice de l’Union européenne au Costa Rica, María Antonia Calvo Puerta et le chef de projet adjoint du projet « Post 2020 Biodiversity Framework - EU support », Hugo Rivera Mendoza, se sont également exprimés à cette occasion. Cela a été suivi d’une session d’échanges entre les ministres de la Santé, de l’Environnement et Energie et du Tourisme sur les opportunités de relance économique post Covid-19 favorable à la biodiversité analysant les liens entre biodiversité, santé et tourisme. La cérémonie a été diffusée en direct sur le site du projet (www.4post2020bd.net) en anglais et en espagnol.
 

 

Par la suite, un premier webinaire intitulé « Définir l’ambition nationale pour le cadre post-2020 » (“Setting the national post 2020 ambition”) prévu la troisième semaine du mois de juin engagera l’ensemble des institutions nationales impliquées dans une réflexion sur la définition du niveau d’ambition du pays pour le futur cadre mondial de la biodiversité et la définition d’engagements nationaux. Cette consultation définira les priorités nationales pour le cadre mondial avec des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et assortis d’un calendrier de mise en œuvre (objectifs dits « SMART »[2]). Elle sera pilote en matière d’intégration des enjeux de climat et de biodiversité et structurera la définition d’une politique nationale pour les solutions fondées sur la nature, qui fait écho au thème de l’année 2020 pour la journée mondiale pour la biodiversité : « Nos solutions sont dans la Nature ».

Un second webinaire intitulé « Intégrer la biodiversité dans les secteurs économiques » ("Mainstreaming biodiversity in the economic sectors") prévu la troisième semaine du mois de juillet mobilisera tous les secteurs socio-économiques pour affiner leurs stratégies d’intégration de la biodiversité dans les politiques publiques sectorielles et mieux les mobiliser pour les financer. Il sera précédé d’une première consultation en ligne pour les représentants du secteur privé et d’une seconde pour la société civile, qui alimenteront toutes les deux les discussions sur les stratégies d’intégration sectorielles. Ce webinaire vise notamment à mieux intégrer la cartographie des écosystèmes, la connaissance et l’évaluation de la comptabilité des services écosystémiques auprès des décideurs.

Dès que la situation liée au Covid-19 sera stabilisée, un Congrès national de la biodiversité réunira 300 participants des institutions et ministères sectoriels, du secteur privé et de la société civile. Il visera à favoriser des échanges de perspectives et à faciliter de nouveaux moyens techniques et financiers à travers un renforcement de capacités et des échanges de vues croisés. Cinq sessions thématiques parallèles porteront sur le lien entre les aires protégées et la conservation de la nature, les solutions fondées sur la nature, la mobilisation du secteur financier pour la sauvegarde de la nature, l’utilisation durable de la biodiversité et le renforcement institutionnel, et enfin les politiques publiques. Par ailleurs, un segment ministériel de haut niveau pour discuter des opportunités de renforcement de l’intégration transversale de la biodiversité dans les politiques sectorielles est également programmé.

Enfin, un atelier final sera organisé en fin d’année 2020 pour préparer la délégation nationale du Costa Rica auprès de la CBD, renforcer sa capacité de négociation et son aptitude à élever le niveau d’ambition des négociations de la CBD à travers le développement d’alliances stratégiques et la consolidation d’une stratégie régionale.
 

 

L’intelligence collective et l’esprit innovateur déployés par le Costa Rica à travers ce cycle d’activités montrent la voie du changement transformationnel nécessaire dans les relations entre l’Homme et la Nature.  Le projet « Post 2020 Biodiversity Framework - EU support » s’emploiera à promouvoir cette dynamique et à porter cette ambition pour la biodiversité au-delà des frontières dans l’arène des négociations internationales, pour que la Nature se soigne et puisse en retour protéger l’Homme en ces temps de crise mondiale.

 

Pour plus d’information sur le projet : www.4post2020bd.net
Twitter : @4post2020BD

Linkedin : 4Post2020BD

 

[1] La Coalition pour la Haute Ambition (HAC) forme une coalition non officielle d’états partis à la Convention-cadre des Nations unies pour la lutte contre le changement climatique (UNFCCC) réunie en groupe de négociation lors de la COP21. Elle est déterminée à relever le niveau d’ambition à l’horizon 2020 à travers des engagements nationaux rehaussés pour le climat, une action renforcée à court terme et des stratégies de réduction des émissions à long terme. Le 12 décembre 2018, une déclaration de ce groupe a été signée par 24 pays incluant le Costa Rica, l’Union européenne et la France.

[2] L’acronyme SMART est employé en anglais pour se référer aux termes « Specific, Measurable, Attainable, Relevant Time-bound ». Il est souvent utilisé pour qualifier les objectifs du prochain cadre mondial pour la biodiversité.

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