Relier les régions de Centrafrique : cinq ponts installés dans le sud-est du pays

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République centrafricaine
Cinq ponts métalliques ont été installés courant avril dans le Mbomou, l’une des seize préfectures de République centrafricaine (RCA). Expertise France, l’agence française de coopération technique internationale, a supervisé ces travaux dans le cadre d’un projet qui vise à faciliter la circulation dans les différentes régions en installant dans des zones enclavées des ponts fournis par la France. Ce projet est financé par l’Union européenne à travers le fonds Bêkou.

Après l’installation de quatre ponts dans les préfectures de la Lobaye, Ombella-Mpoko et Ouham Pendé en 2019, Expertise France a lancé fin mars 2020 une nouvelle mission pour installer cinq ponts Baileys dans le Mbomou, dans le sud-est du pays. « Le manque d’investissements et l’instabilité que la RCA a connu ces dernières années ont favorisé la dégradation des voiries à l’intérieur du pays, notamment dans cette région : au lieu d’être un carrefour, elle se retrouve coupée en deux avec une partie tournée vers le Soudan du Sud et l’autre vers la capitale Bangui », explique Fafaadé Lokossou, chef du projet de désenclavement des régions centrafricaines. « Cette situation rend notre action importante pour contribuer à relier le Mbomou au reste du pays, mais aussi difficile en terme d’accès. A titre d’exemple, il a fallu 15 jours à nos équipes pour rejoindre le premier site d’installation des ponts, qui est situé à 835 kilomètres de la capitale », ajoute-t-il.

Un défi sécuritaire et organisationnel

L’équipe, déployée pendant sept semaines sur le terrain, a supervisé l’installation des cinq ponts, qui ont été montés par des membres des Forces armées centrafricaines (FACA) du Bataillon du génie, formés par la mission européenne EUTM RCA et la coopération militaire française.

« Le premier défi auquel nous avons été confrontés est sécuritaire : le convoi a traversé plusieurs zones qui connaissent la présence des groupes rebelles », raconte le chef de projet. « A ce titre, la collaboration avec la Minusca, la force des Nations unies, a été utile pour sécuriser le convoi, les différents sites de travaux et les campements », explique-t-il.

L’équipe a également été confrontée à un défi organisationnel lié à la pandémie de Covid-19. « Les ingénieurs du Centre national des ponts de secours (CNPS) français devaient superviser les travaux, mais, en raison des mesures de confinement décidées en France, ils n’ont pu se déplacer depuis Paris », raconte Fafaadé Lokossou. « Mais nous avons réussi à mobiliser des ressources en interne pour assurer cette supervision et le pilotage des travaux, qui se sont finis dans les temps », précise-t-il.

Un partenariat exemplaire entre la RCA, l’Union européenne et la France

« Ce projet est un bel exemple de coopération, car plusieurs acteurs nationaux et internationaux se sont donnés la main sous la coordination d’Expertise France pour la réussite de la mission : l’Union européenne, qui finance la mise en œuvre du projet à travers le fonds Bêkou ; la France, qui a octroyé les pièces de ponts ; les Forces armées centrafricaines (FACA), dont 35 éléments ont participés au montage des ponts ; et le ministère des Travaux publics, dont les ouvriers sont en charge de l’installation du platelage des ponts construits », explique Fafaadé Lokossou.
 

Installation du quatrième pont, au point kilométrique 37.


« Il ne faut pas non plus oublier le rôle de la Minusca, pour la sécurisation de la zone sensible, et de la gendarmerie centrafricaine, qui a appuyé l’équipe dans les zones où le risque sécuritaire était moindre », ajoute-t-il.

Une initiative bien reçue sur le terrain

L’installation de ces ponts permettra la libre circulation des personnes et des biens et contribuera à la relance économique en facilitant les exportations et le transport de productions agricoles dans le Mbomou. « Dans chaque localité, nous avons rencontré les autorités locales – préfets, sous-préfets, maires et chefs de village – qui ont très bien accueilli le projet », rapporte Fafaadé Lokossou.
 

L'équipe avec le chef du village à Selim devant le pont n°5


« Nous avons également été à la rencontre des populations, satisfaites de voir des réalisations dans leurs localités et surtout d’y participer. Nous avons fait travailler une vingtaine de jeunes sur chaque site de travaux dans le terrassement des sites et la surveillance des pièces de ponts entre le déchargement et le démarrage des travaux. Ainsi nombre d’entre eux ont eu la satisfaction d’avoir pris part à une amélioration des conditions de leur environnement de vie », conclut-il.

 

D'une durée de 24 mois, le projet de désenclavement des régions en République centrafricaine est financé par l'Union européenne via le Fonds Bêkou, le fonds fiduciaire européen pour la RCA. avec une contribution de l’Etat français. Mis en oeuvre par Expertise France, il vise à réhabiliter des infrastructures de transport pour favoriser le désenclavement des régions en RCA.

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