Vivre de la forêt sans la dégrader : des communautés de la Réserve de biosphère Maya partagent leur savoir-faire

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Amériques
Des représentants d’organisations communautaires qui vivent au sein la réserve de biosphère Maya (Guatemala) ont participé à un atelier d’échange de connaissances avec des représentants de communautés du Salvador et de Colombie. A cette occasion, ils ont pu présenter leurs projets pour vivre de la forêt sans la dégrader. Cet atelier était organisé dans le cadre du projet « Communautés, forêts et biodiversité », mis en œuvre par l’ONG ICCO Cooperation et financé par l’Union européenne via le programme EUROCLIMA+.

Grâce au modèle de gestion forestière communautaire mis en place par l’Association des communautés forestières du Petén (ACOFOP) au travers de concessions forestières communautaires, les communautés installées dans la réserve de biosphère Maya peuvent vivre de la forêt sans la dégrader. Elles ont réussi à mettre en place des plans de gestion forestière durable en utilisant des produits ligneux et non ligneux. Elles ont également pu lancer des projets touristiques qui tirent parti de l’immense patrimoine archéologique du peuple Maya, et créer des entreprises de transformation du bois. Par ailleurs, les communautés ont également renforcé leur présence sur les marchés par le biais de l’entreprise communautaire FORESCOM.

Démonstration de fabrication de planchers à partir de matières premières forestières.


Toutes ces pratiques font partie d’un modèle de travail communautaire qui permet de renforcer les capacités des organisations communautaires et des associations de peuples indigènes vivant dans les forêts.

La gestion durable des forêts, un défi commun

Ce modèle ayant une haute valeur de réplicabilité, l’atelier organisé dans le cadre du projet avait ainsi pour objectif de partager l’expérience avec des organisations communautaires du Salvador et de Colombie qui sont confrontées aux mêmes défis.

Parmi les participants figuraient des représentants de l’Association des communautés forestières du Petén (ACOFOP), du Haut conseil communautaire de l’organisation populaire paysanne colombienne du Alto-Atrato (COCOMOPOCA), de l’Association de reconstruction et de développement municipal du Salvador (ARDM) et de l’agence Expertise France, qui assure la mise en œuvre de la composante « Forêts, biodiversité et écosystèmes » du programme Euroclima+, aux côtés de la GIZ.

Un des facteurs de réussite de cet échange d’expériences a été de réunir des représentants de trois pays qui travaillent tous à la mise en place d’une gestion durable de leurs forêts et ce, dans des contextes de conflit ou de post-conflit. En réussissant, dans ces contextes difficiles, à faire émerger de nouvelles solutions pour assurer la subsistance des communautés et proposer une façon différente d’interagir avec les écosystèmes, ils offrent ainsi une leçon essentielle.

Créer des alternatives de développement économique au sein de la forêt

« Pour nous, communautés de la région colombienne du Alto-Atrato, cet espace d’échanges a été très utile car il nous a permis de nous ouvrir à de nouvelles façons de considérer la forêt et d’en vivre, mais surtout de trouver des alternatives concrètes pour améliorer nos revenus et nos conditions de vie tout en préservant les écosystèmes », a expliqué Glenis Esther Garrido, une des représentantes de COCOMOPOCA.

L’atelier d’échanges a inclus une visite à la communauté de Carmelita, dans le département du Petén. Cette communauté vit sur un territoire de 53 793 hectares où sont exploitées de façon durable vingt différentes variétés de bois, en particulier l’acajou et le cèdre. Cette visite a été l’occasion de rencontrer des coopératives forestières communautaires de transformation de produits ligneux et non ligneux tels que le chiclé (gomme de latex), le palmier nain, le poivre et le miel. La communauté organise également des circuits touristiques au sein de réserves de faune sylvestre, où l’on peut apercevoir des jaguars et admirer de près une très riche biodiversité.

L’équipe d’ACOFOP a également fait une démonstration de son système de surveillance par drones, un dispositif qui permet de contribuer à la protection du territoire, à la prévention des incendies ainsi qu’au contrôle et au suivi des activités illégales. À Carmelita, il est essentiel de renforcer les capacités des habitants et de leur offrir des perspectives de développement qui prennent en compte la forêt.
 

Le palmier nain (« queue de poisson ») bénéficie d’un marché de niche, il est très demandé en composition florale.


L’Association de reconstruction et de développement municipal (ARDM) du Salvador travaille depuis 1991 au développement d’un dispositif de protection et de gestion de la forêt de Cinquera. Pour elle, l’expérience d’ACOFOP a servi d’incitation à identifier de nouvelles approches et à tendre vers un équilibre entre gestion forestière et exploitation des produits de la forêt.

Ce type d’activités organisées par le programme Euroclima+ permet de créer des synergies entre les organisations, de renforcer la plateforme régionale en Amérique centrale et en Colombie et d’améliorer la résilience des communautés locales face aux changements climatiques.

 

Le projet « Communautés, forêts et biodiversité : promouvoir le dialogue, l’échange et les chaînes de valeur forestière pour favoriser l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets » est l’un des neuf projets financés dans le cadre de la composante « Forêts, biodiversité et écosystèmes » du programme Euroclima+, gérée conjointement par Expertise France et la GIZ. La mise en œuvre du projet est assurée par ICCO Cooperation. De plus amples informations sur le projet sont disponibles ici (en anglais).

EUROCLIMA+ est un programme financé par l’Union européenne et co-financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), ainsi que par les gouvernements français et espagnol. L’objectif de ce programme est de promouvoir un développement écologiquement durable et résilient au climat dans 18 pays d'Amérique latine, en particulier auprès des populations les plus vulnérables. Sa mise en œuvre est assurée de façon conjointe par sept organismes : l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), l’Agence française de développement (AFD), la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Expertise France, la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l’administration et les politiques publiques (FIIAPP), l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

 En savoir plus sur Euroclima+ : euroclimaplus.org

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