Valorisation du travail non rémunéré : un enjeu pour atteindre l’égalité femmes-hommes

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Cette année, de nombreuses associations féministes à travers le monde ont appelé à une « grève du 8 mars » dans le cadre de la journée des droits des femmes. Cette initiative pointe, entre autres, le manque de valorisation du travail non rémunéré, qui est réalisé notamment par les femmes. De quoi s’agit-il ? En quoi prendre en compte le travail non rémunéré peut améliorer la planification et la mise en place des projets et des politiques publiques ?

Les femmes sont plus présentes qu’avant sur le marché du travail : ainsi, en France, le taux d’activité des femmes était de 68,2% en 2019, contre 52,7% en 1975 (Enquête Emploi, Insee). Pourtant, la reproduction des stéréotypes et des rôles traditionnels de genre reste déterminante dans la division sexuelle du travail et dans la gestion de l’emploi du temps des femmes et des hommes. Le temps de travail rémunéré et non rémunéré est inégalement réparti : les femmes assurent généralement une part disproportionnée du travail non rémunéré (tâches ménagères, garde et soins des enfants et des personnes dépendantes) et consacrent proportionnellement moins de temps que les hommes à des activités rémunérées. Ainsi, en France, les femmes consacrent aux tâches domestiques en moyenne 183 minutes chaque jour, tandis que les hommes n’y consacrent que 105 minutes (Insee, 2010). Autrement dit, cela signifie qu’en faisant la somme des deux, les femmes globalement travaillent plus que les hommes.

Une question à prendre en compte dans les politiques publiques

Ces inégalités ont un impact négatif sur la participation des femmes dans la sphère politique et sur leur occupation de postes à responsabilités ou de direction – aussi appelé le « plafond de verre ». La reconnaissance, la réduction et la redistribution du travail domestique non rémunéré est donc une condition pour atteindre l’égalité entre les sexes, comme l’a établi l’objectif de développement durable n°5.

Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte cette question dans la planification et la mise en place des projets et des politiques publiques. Cette problématique est donc une priorité pour l’unité Genre du programme EUROsociAL+, qui mène des actions de renforcement de capacités des institutions de 19 pays d’Amérique latine pour promouvoir l’autonomie physique, l’autonomie économique, l’autonomie politique des femmes et la transversalisation du genre.

Dans la sphère économique, l’assistance technique apportée par EUROsociAL+ vise aussi le financement de politiques publiques de care au moyen d’emplois revalorisés, de promotion de l’égalité salariale, de l’implication des hommes dans les tâches domestiques et des nouvelles masculinités.

Colombie : un outil pour observer les inégalités salariales

L’unité Genre d’EUROsociAL+ a par exemple accompagné la Colombie sur la mise en œuvre de sa loi sur l’égalité des salaires, adoptée en 2011 mais dont l’application présentait des difficultés. L’équipe a donc appuyé le ministère du Travail dans la formulation d’un outil pour surveiller les inégalités salariales.

La formulation de cet instrument s'est inspirée des expériences françaises (index de l’égalité salariale, diagnostic de l'égalité de rémunération) et belges (Institut pour l'égalité des femmes et des hommes), ainsi que du label Equipares sur l’égalité professionnelle.

Cette proposition sera appliquée dans le cadre d'un projet pilote en 2020 avec différentes entreprises et sera proposée à la validation des autorités du ministère du Travail, des entreprises et des organisations syndicales.

 

Pour en savoir plus, consultez la fiche-projet du volet Genre d'EUROsociAL+

eurosocial.eu@EUROsociAL_

 

Structuré en trois composantes, EUROsociAL+ vise à renforcer la cohésion sociale en Amérique latine. Il est mis en œuvre par un consortium dirigé par la FIIAPP (Espagne), et composé d’Expertise France, de l’Istituto Italo Latino Americano (IILA - Italie) et la Secretaría de la Integración Social Centroamericana (Sisca). Expertise France est responsable de la mise en œuvre du volet Genre du programme.
 

 

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