RETFOP : combler les besoins du marché de l’emploi en Angola

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Angola

Officiellement lancé il y a un an et financé par l’Union européenne, le projet RETFOP vise à moderniser la formation professionnelle en Angola afin que le pays dispose d'une main-d’œuvre qualifiée pour satisfaire ses besoins de développement économique. Alexandre Rosa, coordinateur du projet, nous en explique le fonctionnement.

Quelle est l’approche du projet RETFOP pour résoudre les problématiques du marché du travail en Angola ?

Alexandre Rosa – Moderniser l’offre de formation afin de l’ajuster aux besoins du marché du travail est essentiel au développement de l'économie angolaise. C’est tout l'objet du projet RETFOP, qui vise à améliorer la qualité du système d'enseignement professionnel en Angola. RETFOP est un projet de renforcement des capacités, ce qui signifie que nous travaillons en lien avec les organismes de formation. Notre objectif est de renforcer les capacités de ces organismes dans la définition et la mise en place de mesures pour améliorer la qualité de l’enseignement dispensé aux étudiants dans les écoles publiques. Nous travaillerons à la fois avec le gouvernement central et avec les autorités, les établissements de formation professionnelle et les centres de formation locaux.

Comment se déroulera le projet ?

Alexandre Rosa – Le projet s'articule autour de trois axes. Le premier consiste à optimiser la gestion du système de formation professionnelle. Ainsi, nous fournirons notamment aux personnes responsables des outils pour assurer un meilleur suivi du système, tels que des outils informatiques permettant de recueillir des données fiables. Le deuxième axe du projet porte sur le renforcement de la qualité de l’offre de formation. Il s’agit notamment d’améliorer les contenus des programmes afin de mieux les ajuster aux besoins du marché du travail. Ce volet inclut également la formation de plus de 500 enseignants. Enfin, le troisième axe du projet vise à améliorer la relation entre les écoles et les entreprises, à travers la mise en place de méthodes et d’outils pour faciliter leur collaboration et favoriser l'insertion sur le marché du travail.
 

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Avant le démarrage des activités, vous avez conduit une étude de base. En quoi consistait-elle ?

Alexandre Rosa – Une première étude avait déjà été réalisée en 2015, avant le début du projet RETFOP. Lorsque RETFOP a été lancé en 2018, il nous fallait évaluer si la situation ainsi que les besoins sur le terrain avaient évolué, afin d’ajuster si nécessaire les activités prévues. La réalisation de l’étude s’est étalée sur cinq mois. Au cours de cette période, nous nous sommes rendus dans les six provinces couvertes par le projet : Luanda, Benguela, Huambo, Huíla, Huige et Moxico. Les quatre premières concentrent 75 % de l’offre de formation professionnelle. Les provinces de Huige et Moxico, moins peuplées, présentent quant à elles des caractéristiques spécifiques (leur relatif isolement géographique et leur moindre niveau de développement, notamment) justifiant leur besoin de soutien. Nous avons tenu des réunions avec l’ensemble des parties prenantes : autorités provinciales (gouverneurs, services d’éducation et de formation professionnelle), centres et écoles de formation professionnelle, employeurs... Notre objectif était de comprendre le contexte et de recueillir des informations. Cette démarche nous a également permis d’engager le dialogue avec nos interlocuteurs dans la perspective des deux années à venir.

Quelles sont vos conclusions ?

Alexandre Rosa – Cette nouvelle étude de base a confirmé la pertinence de la stratégie globale du projet et de ses principaux objectifs, ce qui nous a permis de « lancer la machine » et de préparer les premières activités prévues, à savoir des missions d’experts français et portugais. Certains ajustements demeurent néanmoins nécessaires et nous les intégrons dans la planification des activités. Cela concerne notamment le programme de formation des enseignants, qui devra être ajusté en raison de réformes dans la règlementation de l’enseignement supérieur.

À quels aspects accorderez-vous une attention particulière ?

Alexandre Rosa – Si les politiques auxquelles nous sommes confrontés sont définies au niveau national, leur mise en œuvre est propre à chaque province. Dès lors, notre tâche sera de faciliter la coordination entre les acteurs à l’échelle centrale et à l’échelle locale. Nous disposons pour cela de trois experts techniques à Luanda, ainsi que d’assistants régionaux en province. Ces derniers seront immergés dans la réalité des provinces et auront la charge d’assurer le lien entre l'équipe projet à Luanda et nos interlocuteurs locaux.

Un autre défi consiste à encourager le rapprochement entre les autorités, les centres/écoles de formation professionnelle et les entreprises. À l’heure actuelle, ces différents acteurs ont très peu d’interactions. RETFOP contribuera à les aider à travailler ensemble. Il s’agit par exemple d’impliquer les entreprises dans la conception des programmes de formation : cette démarche leur permettra d’exprimer ce qu’elles attendent d'un jeune diplômé, tout en renforçant leur confiance en la qualité des formations dispensées dans les écoles publiques. Le système des stages, qui facilite l’insertion des étudiants sur le marché du travail, doit être amélioré, ce qui constitue un autre axe du projet. Toutes ces activités contribueront à l’instauration de liens et de canaux de communication entre les différents acteurs concernés, ce qui est essentiel pour atteindre une adéquation entre l’offre de formation et les besoins du secteur privé.

 

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