Entretien avec Nassima Clerin, chef de projet Lemma

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Tunisie
Trois questions à Nassima Clerin, chef de projet Lemma, un projet né de la volonté de l’Union européenne d’apporter un soutien technique au Partenariat pour la Mobilité signé entre la Tunisie et l’UE en 2014.

Commencé il y a un peu plus d’un an, le projet Lemma cible 3 priorités du gouvernement tunisien :

  • migration du travail et mobilité professionnelle ;
  • mobilisation de la diaspora et intégration de la migration dans le développement local ;
  • retour et réinsertion.

Les différents évènements organisés au printemps 2017 sont l’occasion de revenir sur les objectifs et les avancées du projet avec Nassima Clerin.

La première composante de Lemma est consacrée à la migration du travail et à la mobilité professionnelle : quels sont ses objectifs ?

De concert avec les autorités tunisiennes partenaires, l’objectif est d’aboutir à la mise en œuvre d’un plan d’action pour la migration du travail afin d’encourager la convergence entre la politique de l’emploi et de la migration. En appuyant le renforcement d’une gouvernance effective entre les institutions publiques et privées sur la thématique de la migration du travail, les sujets abordés comprendront le placement à l'international des migrants tunisiens, la promotion des voies légales d’accès à l’UE, ainsi que l’accueil des migrants étrangers. Partant de secteurs économiques stratégiques tels que la santé, l’agriculture, les nouvelles technologies, le tourisme ou encore l’industrie, la question est de voir quel serait le retour possible des compétences pour renforcer le marché domestique.

Quelles sont les pistes identifiées pour favoriser la mobilisation de la diaspora tunisienne à l’étranger ?

Avec plus d’1,3 million de ressortissants à l’étranger (soit 12% de la population) et une contribution au PIB à hauteur de 5% à travers les transferts de fonds, la mobilisation de la diaspora tunisienne au profit du développement socio-économique de la Tunisie revêt un intérêt majeur. Il semble opportun aujourd’hui de repenser la relation avec la diaspora et de mettre au point une vision claire et inclusive pour un partenariat efficace et mutuellement bénéfique.

Afin d’identifier des pratiques de mobilisation en mesure de correspondre aux nouveaux besoins de la Tunisie et au profil des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE), Expertise France a organisé le 5 avril dernier une table ronde réunissant institutions et société civile tunisiennes pour partager les expériences venues d’ailleurs – France, Portugal, Côte d’Ivoire, Maroc…

Les résultats de ces échanges montrent que, si l’on veut encourager la contribution de la diaspora au développement économique du pays, il faut d’abord mieux connaître le profil des TRE et il faut renforcer la relation de confiance ainsi que le lien culturel avec le pays, grâce à des outils de communication appropriés. Il faut aussi soutenir la coopération décentralisée comme potentiel levier d’implication des migrants au développement des territoires d’origine et de destination, ce à quoi Lemma s’attellera dans les mois à venir.

Comment le projet accompagne-t-il les autorités tunisiennes sur la question du soutien aux Tunisiens qui reviennent dans leur pays ?

Lemma apporte un appui au Gouvernement tunisien sur le développement d’une feuille de route du retour et de la réinsertion, et a également pour ambition de permettre aux États membres de l’UE d’envisager pour la première fois une coordination concernant la migration de retour des ressortissants tunisiens résidant sur leur sol.

Pour cela, le projet s’appuie sur la collaboration de longue date existant entre les autorités tunisiennes et l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Ainsi, fin mars, l’OFII a organisé le premier séminaire du projet dédié aux enjeux et au rôle de l’accompagnement en matière de migration de retour et de réinsertion en Tunisie. Ce séminaire a réuni les partenaires tunisiens de Lemma, les opérateurs de suivi de l’OFII, des établissements financiers ainsi que la société civile.  Les expériences conduites en Tunisie et les témoignages de bénéficiaires ont mis en avant que la qualité de l’accompagnement et l’accès au financement étaient les principaux facteurs d’une réinsertion réussie.

Ces derniers mois ont également été ponctués par les premières missions d’expertise : là aussi, nous sommes très satisfaits des experts identifiés, tant publics que privés, tunisiens qu’européens, de la qualité des travaux entamés et du soutien qui leur a été accordé par tous les partenaires. Nous avons conscience bien sûr qu’il y a encore beaucoup à faire pour consolider les acquis et nous nous réjouissons dès lors de continuer à avancer ensemble, dans cet esprit constructif d’échanges entre administrations sœurs.

 

Expertise France coordonne ce projet d’une durée de 3 ans et financé par l’UE à hauteur de 5 M€. La mise en œuvre est assurée à la fois par Expertise France, l’OFII et la FIIAPP. 

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