Décarboner l'économie mondiale d'ici 2050 : le nécessaire accompagnement vers les transitions justes

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Algérie
Flash-back. Décembre 2015, signature de l’accord de Paris. Les objectifs fixés étaient clairs : limiter le réchauffement de la planète à un niveau bien inférieur à 2 °C, aussi proche que possible de 1,5 °C, et rendre toutes les économies résilientes aux impacts climatiques. La tâche était immense. Elle l’est encore. Pour y arriver, les stratégies de réduction des émissions ont été mises au coeur de cet indispensable élan planétaire, avec la nécessité de décarboner l'économie mondiale d'ici 2050. Chaque pays apporte une contribution déterminée au niveau national (CDN) ou une stratégie de développement à faibles émissions à long terme. Une chose est sûre, pour atteindre ces objectifs de zéro émission nette, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice : particuliers, entreprises, collectivités, gouvernements… Expertise France accompagne ce mouvement essentiel pour des transitions justes. À cet effet, plusieurs projets sont mis en oeuvre sur les différentes zones d’intervention de l’agence où les préoccupations, le fonctionnement institutionnel, et les réalités et défis rencontrés par les populations sont propres. C’est le cas notamment entre la Colombie, en Amérique latine, et l’Algérie, au Maghreb.

En Colombie, une stratégie E2050 : 48 actions et 200 "repères d'ambition"

Si l’on prend l’exemple de la Colombie, elle détermine des actions à court et moyen terme dans une contribution déterminée au niveau national (CDN) qui servira à enclencher les transformations profondes pour concrétiser sa vision à long terme, fixée cette fois dans le cadre de sa stratégie E2050.
Deux niveaux, deux tempos, une même ambition : la Colombie veut devenir un pays résilient au changement climatique. Autrement dit, une société avec une économie neutre en carbone, avec de vastes capacités d'adaptation dans ses territoires tant urbains que ruraux, parmi les plus riches au monde en matière de biodiversité.
Pour écrire cette stratégie E2050, qui identifie, guide et dirige les profonds changements et transformations que le pays suivra pour construire sa résilience tant climatique, sociale qu’écologique, la Colombie a été accompagnée par le soutien financier et technique du gouvernement français via ses agences de coopération, l’AFD et Expertise France.
Après 19 mois de travail, plus de 2 100 personnes interrogées au cours de 300 ateliers de travail participatifs, soutenus par un comité de 13 experts de haut niveau et à l’issue d’une consultation publique, cette stratégie E2050 a été validée.
48 actions vont être mises en oeuvre ainsi que près de 200 « repères d’ambition », qui correspondent aux changements minimaux requis d’ici à 2050 pour que la Colombie se construise un avenir résilient au changement climatique.

Ils sont tous déclinés dans plusieurs grands thèmes (9 au total) comme la connaissance et la gouvernance du climat et la gestion globale de la diversité, sans oublier les nécessaires productions et consommations durables ou encore l’adaptation de l’offre éducative et de formation professionnelle pour répondre aux nouveaux besoins du marché du travail colombien, tout en incitant à la création d’emplois verts.
L’ambition de la Colombie, en se dotant de cette stratégie climat à long terme, est sans équivoque. L’objectif est d’abaisser ses émissions de gaz à effet de serre de 90 % par rapport aux seuils atteints en 2015, de réduire la vulnérabilité des municipalités et des départements aux dommages et aux pertes causés par le changement climatique, avec une approche territoriale globale et multisectorielle, et d’accompagner les populations dans la réussite d’une transition environnementale juste, notamment par des programmes adaptés de reconversions à l’emploi et de formations initiales.

 

En Algérie, un projet ambitieux et volontariste pour développer l'économie bleue

Emplois verts d’un côté, économie bleue de l’autre. En Algérie, cette fois. Le pays est situé dans une région considérée par le GIEC comme l’une des 24 zones « hot spots » les plus vulnérables au changement climatique. Il était nécessaire de réagir et d’agir. Le pari algérien est donc d’engager un vaste chantier de développement de son économie bleue pour y répondre.
Aujourd’hui, l’économie bleue en Algérie pèse près de 300 000 emplois directs et plus de 450 000 emplois induits. C’est 20 % de son PIB. Et avec 43 % de sa population qui vit sur le littoral, les enjeux maritimes sont cruciaux pour le pays. Le gouvernement voit en ce projet, Économie bleue, une réelle opportunité pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles tout en renforçant sa résilience économique et sociale, sa sécurité et sa souveraineté alimentaire, sans oublier la préservation de ses ressources. Évidemment, le gouvernement y voit aussi un vivier potentiel de futures opportunités professionnelles pour la jeunesse algérienne et pour les femmes.
Dans le travail enclenché avec Expertise France, trois objectifs ont été fixés.

Le premier : la création d’emplois, de valeurs (évaluation par exemple du pescatourisme ou déploiement de fermes pilotes de démonstration et d’appui au développement aquacole…) mais aussi d’opportunités d’investissement sur le littoral.
Ce premier objectif ne pourra se réaliser sans une offre de formation adéquate et sans renforcer le volet innovation via la création, par exemple, d’un incubateur ou le soutien à des programmes de recherche scientifi que, notamment dans les biotechnologies. Mais aussi en développant la diversification et surtout la planification, incontournable, des espaces maritimes.

Le second est tout aussi essentiel puisqu’il ambitionne d’améliorer les revenus et les conditions de travail des artisans pêcheurs. Cela passera, notamment, par le renforcement des structures professionnelles existantes mais aussi la création d’organisations professionnelles féminines (coopératives de femmes mareyeuses, transformatrices de poissons et de coquillages).

Enfin, le suivi, le contrôle et la gestion de la pêche et des ressources devront aussi être renforcés par des capacités opérationnelles au sein de l’administration.


Le programme se déroule dans les 14 wilayas côtières. Trois bureaux régionaux ont été ouverts à l’est (Annaba), au centre (Boumerdès) et à l'ouest (Tlemcen). 30 collaborateurs y sont déjà mobilisés jusqu’en 2025, accompagnés par Expertise France. L’Algérie fait ainsi le pari que le développement de son économie bleue contribuera à la croissance durable de son économie.
L’Algérie, se veut être, à l’horizon 2030, un pays référence en matière de gestion durable des milieux marins et d’économie bleue. Une ambition multiforme qui se caractérise par un secteur de la pêche responsable et une mise en valeur du tourisme vert qui constitue une opportunité d’emploi et d’attractivité dans un milieu naturel stratégique mais vulnérable.

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