One Health Togo - Projet de renforcement de la maîtrise de l’antibiorésistance en santé humaine et animale au Togo

Mesurer et prévenir la transmission des bactéries multirésistantes aux antibiotiques suivant une approche « One Health »

La résistance aux antimicrobiens, un enjeu de santé publique mondial

La résistance aux antimicrobiens (RAM) est l’aptitude d’un micro-organisme (bactérie, virus, parasite ou champignon) à inhiber l’action d’un antimicrobien. La RAM compromet le traitement efficace d’un nombre croissant d’infections qui persistent et peuvent se propager. Elle est l’une des principales causes de mortalité dans le monde et croît à un rythme alarmant.

L’antibiorésistance peut s’expliquer par :

• l’usage excessif et inapproprié des antibiotiques en santé humaine et animale ;
• les liens de transmission des bactéries multirésistantes aux antibiotiques (BMR) entre la santé humaine et animale, via l’alimentation notamment ;
• le mésusage des médicaments : utilisation de médicaments de mauvaise qualité, prescriptions erronées, partage de traitement entre patients ;
• un manque d’accès à des examens bactériologiques et antibiogrammes, entraînant une insuffisance des analyses microbiologiques, et des traitements donnés en excès, ou de façon inappropriée ;
• un manque de mesures de prévention.

Les conséquences socio-économiques de ce phénomène sont importantes, l’inefficacité d’un traitement antibiotique entraînant souvent la nécessité de prolonger une hospitalisation, voire de recourir à un traitement plus long et plus onéreux, avec pour conséquence une charge financière lourde pour les patients et pour la société. 

Pour faire face à cette situation, l’OMS a adopté en 2015, un plan d’action mondial de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, inscrit dans le cadre One Health « Une Seule Santé », et comportant 5 objectifs stratégiques :

• mieux faire connaître et comprendre le problème de la résistance aux antimicrobiens ;
• renforcer les connaissances et les bases factuelles par la surveillance et la recherche ;
• réduire l’incidence des infections ;
• optimiser l’usage des agents antimicrobiens ;
• garantir des investissements durables pour combattre la résistance aux antimicrobiens.

Au Togo, des avancées dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens

En 2019, une étude faite sur la prescription des antibiotiques au CHU Sylvanus Olympio de Lomé montrait que 43,9 % des 399 patients hospitalisés dans 23 services enquêtés recevaient au moins un antibiotique.

L'évaluation externe conjointe du Règlement sanitaire international (RSI) menée au Togo en avril 2018 avec la participation d’Expertise France  a permis de rendre compte de défis concernant les capacités pour détecter et gérer la résistance aux antimicrobiens.

Le Togo a manifesté sa volonté de posséder un plan stratégique intégrant les infections associées aux soins de santé ainsi que des lignes directrices sur le bon usage des antibiotiques. Le ministère togolais de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux Soins a exprimé le souhait de mettre en place un projet de renforcement de la maîtrise de l’antibiorésistance à l’hôpital.

Le projet One Health Togo : mesurer et prévenir la transmission des bactéries multirésistantes

Le projet One Health Togo vise à contribuer à mesurer et à prévenir la transmission des bactéries multirésistantes aux antibiotiques en milieu hospitalier et en milieu communautaire, en santé humaine et animale, au Togo. Il est financé par le ministère français de la Santé et de la Prévention et mis en œuvre par Expertise France, l’AP-HP et le CIRAD.

Le CHU Sylvanus Olympio de Lomé a été identifié comme site pilote pour mesurer et prévenir l’antibiorésistance en milieu hospitalier, en vue d’alimenter les réflexions et le travail de développement de directives nationales sur le bon usage des antibiotiques, et la révision du dispositif national de surveillance des infections incluant les infections associées aux soins. Le CHU Sylvanus Olympio de Lomé sera appuyé par l’AP-HP.

Parce que la résistance aux antibiotiques touche tous les secteurs et que son approche ne peut être conçue que dans un contexte « One Health », les potentiels phénomènes de transmission croisée entre l’homme et l’animal seront aussi évalués au laboratoire des services vétérinaires avec l’appui du CIRAD.

Le projet s’articule autour de trois axes d’intervention :

• Recherche/production de connaissances : évaluation de la prévalence et de la transmission des bactéries multirésistantes aux antibiotiques (BMR), notamment les transmissions homme-animal

• Formation : renforcement du cadre de prévention et les capacités de prise en charge liée aux BMR du CHU Sylvanus Olympio de Lomé

• Gouvernance : Accompagnement pour la révision du plan d’action du document de politique nationale en matière de prévention et contrôle de l’infection (PCI) en intégrant un volet sur les infections associées aux soins et le bon usage des antibiotiques, et développer des recommandations pour l’utilisation des antibiotiques en santé animale.