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Projet Trois Frontières – Volet Protection civile
Améliorer la réponse des États aux besoins de secours de leurs populations dans la zone des Trois frontières

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Objectif

Financé par l’AFD, le volet « Protection civile » du projet Trois Frontières contribue à renforcer la légitimité du Burkina Faso, du Mali et du Niger en les aidant à apporter à leurs populations des services de secours de qualité.
  • 4 M €
    BUDGET
  • 01/09/2019
    DEBUT DU PROJET
  • 30 mois
    DUREE

Les zones frontalières entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali sont marquées par la présence de menaces sécuritaires diversifiées : l’action de groupes radicaux, mais également les activités criminelles et le banditisme. Ces groupes s’attaquent de manière violente aux représentants de l’État ainsi qu’aux populations civiles. Cela entraîne le recul de la présence de l’État et l’éloignement d’une partie de la communauté qui risque de se rapprocher de ces groupes.

Les trois pays de cette région du Liptako-Gourma sont très affectés par cette crise sécuritaire sans précédent, dans un contexte de fragilité socio-économique chronique (notamment chez les jeunes) et d’une aggravation constante de la raréfaction des ressources. De plus, depuis de nombreuses années, les populations ont le sentiment que l’État est presque absent et n’est pas en mesure de leur fournir la plupart des services sociaux essentiels.

Le projet Trois Frontières adopte une approche innovante alliant développement communal, grâce à des organisations locales, et renforcement des capacités de secours. L’objectif est de ramener des services publics de base auprès des populations et de renforcer ainsi la confiance des populations envers l’État. En lien avec la direction de Coopération de sécurité et de défense (DCSD) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Expertise France est responsable de la mise en œuvre du volet « Protection civile » du projet Trois Frontières, qui vise à renforcer les capacités de secours des trois États.  

Des protections civiles organisées à l’échelle nationale

L’organisation de la protection civile dans les trois pays d’intervention est inspirée du modèle français, mais chaque structure nationale présente des spécificités organisationnelles :

• Le Burkina Faso et le Niger s’appuient sur un modèle bicéphale, qui comprend d’une part une direction générale de la protection civile (DGPC), en charge de la prévention et de l’organisation des secours, et d’autre part un corps de sapeurs-pompiers chargé du commandement opérationnel des secours avec un statut militaire.

• Le Mali a quant à lui fait évoluer ses unités de protection, qui sont devenues à caractère uniquement civil et sont placées sous la supervision directe du ministère de l’Intérieur et de la Protection civile (MSPC). Le MSPC est à la fois chargé de la coordination et de la mise en œuvre des secours.

Le projet repose sur l’identification initiale des besoins menée par les coopérants de la direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Déployés dans les trois pays, ils travaillent en étroite collaboration avec les directions générales de protection civile et les unités opérationnelles d’intervention de secours.

Des besoins de secours importants dans la zone

L’AFD, Expertise France et la DCSD ont mené trois missions d’évaluation (mai 2017, octobre 2017 et décembre 2018), qui ont permis de préciser les besoins en protection civile dans la zone des trois frontières avec l’ensemble des acteurs nationaux impliqués dans la délivrance des services de protection civile. Elles ont révélé que le maillage des secours constitue un enjeu majeur dans la zone des trois frontières.

 

 

Burkina Faso : La région identifiée ne dispose à l’heure actuelle d’aucun centre de secours et doit s’appuyer sur les compagnies d’incendie et de secours (CIS) des régions limitrophes (Kaya, Ouahigouya, voire Ouagadougou).

Mali : Le centre de secours le plus proche de la zone des trois frontières est implanté en périphérie de Gao, à environ 15 kilomètres de la ville. Il est opérationnel mais dispose de moyens très limités pour couvrir sa zone de responsabilité (1 engin-pompe de lutte contre les incendies et 1 véhicule de secours à victime). Cela ne lui permet pas de couvrir l’ensemble des besoins de Gao, qui compte environ 125 000 habitants[1] et qui est régulièrement affectée par des incendies, qui touchent notamment le cœur économique que constitue le marché. De plus, l’absence de moyens nautiques pour intervenir sur le fleuve Niger, dans cette zone en proie à des inondations importantes en saison des pluies, affecte fortement sa capacité d’intervention.

Niger : La région de Tillabéri bénéficie comparativement d’un bon maillage, avec l’implantation de 6 compagnies d’incendie et de secours (CIS) et le soutien du projet de gestion des risques de catastrophes et développement urbain (PGRC-DU) de la Banque mondiale. Néanmoins, la couverture de la frontière avec le Mali repose sur le seul CIS de Téra. Construit en 2014, ce centre de secours couvre aujourd’hui un territoire de 115 000 habitants auquel s’ajoute les habitants des départements voisins de Gotheye et Bankilaré. Aujourd’hui, le CIS de Téra effectue environ 300 interventions par an (contre 90 avant 2016). Le CIS compte déjà un certain nombre de bâtiments et d’équipements. Cependant le manque d’équipements roulants (1 engin-pompe et 1 ambulance) et l’absence de moyens fluviaux ne lui permettent pas de couvrir correctement la frontière avec le Mali et de répondre aux besoins d’intervention sur le fleuve Niger.

Modalités d’intervention

Afin de mener à bien le projet, sept axes d’intervention ont été identifiés :

1) Construction et aménagement de centres de secours (CS) : au Burkina Faso, l’État burkinabè construira un centre de secours à Dori. Au Niger, des infrastructures additionnelles seront construites à Téra, dont un bâtiment administratif, une clôture, un château d’eau et des logements.

2) Mise à disposition de moyens d’intervention et de secours :

• des engins-pompe à incendie, adaptés aux terrains d’intervention ;
• des ambulances, de type 4x4 station wagon qui puissent s’adapter aux conditions du terrain ;
• des véhicules 4x4 et des motos de liaison ;
• des canots de sauvetage, afin de donner une capacité d’intervention nautique sur le fleuve Niger et en période d’inondations.   

3) Mise à disposition de matériels d’intervention et de secours : matériel à incendie, de sauvetage (cordes, échelles…) et lots de désincarcération pour intervenir sur les accidents de la route.

4) Mise à disposition de moyens de transmission afin d’assurer les communications entre les équipes sur le terrain et les centre de secours.

5) Appui institutionnel : renforcement des capacités techniques et opérationnelles des directeurs généraux de la protection civile et des unités opérationnelles à travers des formations. Cet appui à l’opérationnalisation et au renforcement opérationnels des centres de secours servira de base concrète pour identifier des pistes d’amélioration dans leur fonctionnement, qui pourront bénéficier à l’ensemble des structures de secours nationales.

6) Formations des unités de secours et d’intervention de chaque partenaire national sur la base des besoins exprimés et en lien avec l’appui apporté par le projet.

7) Exercice de gestion de crise transfrontalier mené par l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC) du Burkina Faso dans le double objectif de :

• former les autorités civiles (gouverneurs, préfets, maires) et de protection civile à la gestion de crises qui touchent les populations de la zone transfrontalière (catastrophe naturelle par exemple)
• favoriser les échanges opérationnels entre les autorités de part et d’autre des trois frontières.

Dispositif de coordination des différents volets du projet Trois Frontières

Le projet Trois Frontières s’articule autour de deux composantes : le volet « protection civile », mis en œuvre par Expertise France et le volet « développement ». La coordination régionale assure le lien entre les coopérants de protection civile, l’AFD et le consortium d’organisations en charge du volet développement.

Le dispositif de coordination veille également à identifier et à appuyer les synergies possibles entre les deux volets du projet. L’exercice de gestion de crise transfrontalier par exemple, pourrait être l’opportunité d’un échange conjoint avec les autorités civiles de la zone des Trois frontières. Le partage d’informations et des données collectées sur le terrain permettra de mesurer le succès de cette approche pilote.

 

En savoir plus sur le projet Trois Frontières sur le site de l’Alliance Sahel

 

 


[1] Données démographiques de 2017, selon https://www.populationdata.net/pays/mali/