Colombie : prendre en compte la question du genre dans les observations électorales

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Colombie

EUROsociAL+ participe à une observation électorale internationale avec une perspective de genre, menée par l'Association des femmes magistrates électorales des Amériques (AMEA - CAPEL)

Le dimanche 29 mai 2022, les citoyen.ne.s colombien.ne.s ont voté pour élire la présidence et la vice-présidence de la République pour la période constitutionnelle 2022-2026. A cet égard, une équipe de la composante Politiques d'égalité de genre d'EUROsociAL+, ainsi que des femmes fonctionnaires de différents pays d'Amérique latine, ont assisté aux élections colombiennes en tant qu'observatrices et observateurs électoraux internationaux, dans le cadre de la mission de l'Association des femmes magistrates électorales des Amériques - AMEA.

 

L'AMEA est une entité non gouvernementale composée de femmes qui occupent ou ont occupé des postes de juges et/ou des postes administratifs de haut niveau dans les organes électoraux des Amériques. Elle se compose actuellement de membres des pays suivants : Antigua-et-Barbuda, Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, République dominicaine, Équateur, El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Pérou, Porto Rico, Uruguay et Venezuela. 

 

La mission internationale d'observation électorale avec perspective de genre était dirigée par Mme Monica Soto, magistrate au Tribunal électoral du Mexique, en coordination avec Mme Doris Ruth Mendez, magistrate au Conseil national électoral de Colombie, avec le soutien du Secrétariat technique de l'AMEA et du Centre de promotion et d'assistance électorale de l'Institut interaméricain des droits humains (CAPEL - IIDH). La délégation d'EUROsociAL+ était composée par : Ángela Salgado et Leticia Benedet, de la composante Politiques d'égalité de genre d'EUROsociAL+, Beatriz Llanos et Izabel Belloc, expertes d'EUROsociAL+, Victoria Tesoriero du ministère de l'Intérieur d'Argentine, Carolina Jorquera de la Bibliothèque nationale du Congrès du Chili, Katiuska Valencia du Bureau national des processus électoraux du Pérou et Mónica Bottero de l'Institut national des femmes d’Uruguay.

 

Faire partie d'une observation électorale internationale a été une opportunité historique pour EUROsociAL+. Cela a été possible grâce à la confiance instaurée pendant plus de trois ans de coopération technique avec la AMEA et le CAPEL, qui a permis de disposer, entre autres, d'un Observatoire régional sur la parité démocratique et la violence politique.

 

D’un côté, "l’observation électorale internationale est définie comme : la collecte systématique, approfondie et précise d'informations sur les lois, les processus et les institutions liés à la conduite des élections et d'autres facteurs pertinents pour l'environnement électoral global, l'analyse impartiale et professionnelle de ces informations, et la formulation de conclusions sur la nature des processus électoraux (...). Elle doit, à chaque fois que cela est possible, fournir des recommandations pour améliorer l'intégrité et l'efficacité des processus électoraux et connexes, mais éviter de s'ingérer dans ces processus."[1] De l’autre côté, l'observation électorale avec une perspective genre est celle qui examine l'existence d'éventuelles inégalités entre les femmes et les hommes dans l'exercice de leurs droits politiques et dans le cadre de toutes les étapes d'un processus électoral.

Pour mener à bien cette observation sensible au genre, l'égalité d'accès et le respect de l'exercice des droits politiques, l'éradication de la discrimination, la promotion de l'égalité de genre et de l'autonomisation politique des femmes sont placés au centre de l’agenda.

Les constats et les conclusions qui en découlent peuvent constituer un apport externe précieux pour les États, et en particulier les autorités électorales, afin d'introduire des mesures correctives et concrètes pour prendre en compte les besoins particuliers des femmes dans des processus électoraux authentiques, libres et équitables, essentiels pour les démocraties.   

 

L'égalité réelle dans l'exercice des droits politiques se fonde sur les accords internationaux que les pays ont ratifiés en matière des droits des femmes, notamment la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes de 1979 (CEDAW) et le programme d'action de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, adopté à Pékin en 1995, qui, bien que non contraignant, constitue un engagement politique pour les États.    

 

La mission d’observation s'est centrée sur le jour du scrutin du premier tour des élections et a consisté en une tournée de six bureaux de vote de la ville de Bogota situés dans les districts de Chapinero et Usaquén, dans lesquels des observations ont été menées pendant les heures de vote et deux questionnaires ont été réalisés (l'un destiné aux responsables des bureaux de vote de Casilla et l'autre aux électeurs et électrices).

 

 

Le fait que l'Association des femmes magistrates électorales des Amériques ait inscrit cette activité dans son programme de travail régulier constitue, sans aucun doute, une contribution très précieuse à la démocratie en Amérique latine et à l'exercice des droits politiques des femmes.

 

L'expérience de la participation à une observation électorale internationale sensible au genre, menée par l'AMEA, a permis à l'équipe coordonnée par EUROsociAL+ de formuler les recommandations suivantes :

 

  1. Renforcer la méthodologie utilisée à travers des critères standardisés pour une observation régulière des élections tenant compte de la dimension de genre ;
  2. Intégrer l'approche intersectionnelle dans l'observation électorale pour identifier la diversité des femmes, leurs différents besoins et les inégalités entre les femmes ;
  3. Prendre en compte le contexte et les expériences d'observations électorales sensibles au genre développées et mises en œuvre par d'autres organisations internationales, régionales et européennes ;
  4. Identifier et se concentrer sur les avantages qu'une organisation telle que l'AMEA peut apporter aux observations électorales internationales sensibles au genre ;
  5. Fournir aux organismes électoraux des recommandations pour intégrer des améliorations sensibles au genre dans leurs procédures qui auront un impact positif sur l'organisation des futurs processus électoraux.

 

Enfin, il est important de mentionner que la participation à l'observation électorale internationale avec une perspective de genre a été enrichissante pour tous et toutes les participant.e.s. Elle nous engage sur la voie de l'élargissement des droits pour continuer à contribuer à une meilleure démocratie dans les pays d’Amérique latine. Et, surtout, pour poursuivre l'incorporation de la perspective de genre dans les organismes électoraux, une tâche fondamentale que nous devons soutenir et renforcer dans chaque pays et dans chaque domaine.

 

 

Crédit photo : © Eurosocial


[1] Déclaration de principes pour l'observation internationale d'élections (2005)

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