Des recommandations pour améliorer les conditions de détention au Burkina Faso

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Burkina Faso

Les résultats d’un diagnostic sur les conditions sanitaires dans les établissements et lieux de détention du Burkina Faso ont été présentés le 12 janvier à Ouagadougou. Réalisé dans le cadre du projet d’amélioration de la santé en milieu carcéral mis en œuvre par Expertise France sur cofinancement de l’UE et de l’État français, il a été mené dans plus de 26 établissements pénitentiaires sur l’ensemble du pays. Ce diagnostic est accompagné de recommandations relatives à la mise en place de mesures en matière de santé, d’accès à l’eau potable, d’hygiène et d’assainissement.

Une photographie des établissements pénitentiaires au Burkina Faso

Mené dans les 27 maisons d’arrêt et de correction (MAC) des 13 régions du Burkina Faso et les 2 centres de réinsertion des mineurs en conflit avec la loi, ce diagnostic s’est appuyé sur des méthodes quantitatives et qualitatives de collecte des données.

La population d’enquête était constituée de détenu-e-s, mais aussi des autorités pénitentiaires et des acteurs de la santé impliqués dans l’offre de soins en milieu carcéral. Au total, 787 détenu-e-s (soit environ 10% de la population carcérale), dont une grande majorité d’hommes de moins de 40 ans, ont participé à l’enquête.

L’enquête a examiné les conditions de détention (cellules, équipements sanitaires, accès à l’eau potable, services de santé, etc.), mais aussi les pratiques des détenu-e-s (hygiène, tabac, drogues, etc.).

Des conditions de détention préoccupantes

Au Burkina Faso, la population carcérale a été multipliée par 2,5 entre 2006 et 2015. Cet accroissement génère de nombreux problèmes, à commencer par un dépassement des capacités d’accueil. Si le taux d’occupation globale des prisons est d’environ 130%, il dépasse dans certaines MAC les 200%.

Au-delà du manque de place et d’équipements, la surpopulation carcérale génère certains risques pour la santé. La promiscuité favorise par exemple la propagation de maladies, et ce alors que les équipements sanitaires peuvent se révéler inadaptés. L’accès aux services de santé carcérale n’est par ailleurs pas toujours effectif ou immédiat, et plus de 2 détenu-e-s sur 3 ont l’impression que leur état de santé s’est dégradé depuis leur arrivée à la MAC.

Mise aux normes et sensibilisation

Si le diagnostic met en avant le besoin de réhabiliter et de mettre aux normes les infrastructures pénitentiaires, il insiste également sur le besoin de former le personnel pénitentiaire sur les sujets d’hygiène, de santé et d’assainissement.

Il préconise également de poursuivre les mesures de sensibilisation des détenu-e-s sur les maladies transmissibles, les mesures d’hygiène personnelle et collective, et toutes autres questions de santé en milieu carcéral.

Ce diagnostic va permettre d’adapter un plan d’intervention adapté aux besoins de chaque établissement.

Un nouveau plan d’intervention proposé

Expertise France propose de nouvelles actions en matière d’accès à l’eau (construction et réhabilitation de points d’eau), d’hygiène (ouvrages d’assainissement – latrines, fosses septiques, acquisition d’un camion vidangeur etc.), et de renforcement des structures de santé (construction d’infirmeries, etc.).

Pour renforcer l’offre de soins, l’agence suggère la mise en place de visites médicales systématiques d’entrée afin de permettre le dépistage précoce de maladies (VIH, tuberculose, hépatites…) en lien avec les programmes spécifiques ; elle insiste également sur la nécessaire mise en place de mesures pour renforcer les capacités des agents de santé (élaboration d’un guide pratique de soins, formations, etc.) et la mise en place des comités d’hygiène et de promotion de la santé dans chaque MAC.
 

Lors de la cérémonie de restitution des résultats du diagnostic, le 12 janvier 2018.

 

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