Redonner de la légitimité aux statistiques publiques par le dialogue avec les usagers

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Afrique subsaharienne
Accusées d’être imparfaites, biaisées, voire mensongères, les statistiques officielles n’ont pas toujours bonne réputation. Pourtant, elles restent un élément fondamental de la prise de décision, publique comme privée. A l’occasion des Rendez-vous de l’Expertise, Nicolas Meunier et Thierry Paccoud sont revenus sur les enjeux du dialogue entre producteurs et usagers de statistiques publiques, clé de la préservation de l’utilité et de la légitimité de ces dernières.

« Imaginez un monde dans lequel il n’y a pas de statistiques », se demande Nicolas Meunier.

Certaines données – comme le recensement de la population – sont essentielles pour définir des politiques publiques adéquates. Le développement de systèmes statistiques robustes est un élément clé pour atteindre les Objectifs de développement durable – sans oublier l’enjeu en termes de bonne gouvernance économique et démocratique.

Les statisticiens viennent de Mars, les usagers viennent de Vénus

Mais les statistiques publiques ont beau être omniprésentes, leurs insuffisances sont souvent pointées par ceux qui s’en servent.

L’usager de statistiques ne parle pas toujours la même langue que le statisticien. Par exemple, là où un individu dit « taux de chômage », l’Insee précise qu’il s’agit du « pourcentage de chômeurs dans la population active » et que cela « diffère de la part du chômage qui, elle, mesure la proportion de chômeurs dans l’ensemble de la population ».

Les priorités non plus ne sont pas les mêmes : l’usager souhaite avoir des statistiques accessibles, compréhensibles et actualisées régulièrement ; le producteur insiste quant à lui sur le respect des standards internationaux pour que les statistiques soient comparables, fiables et de qualité – ce qui allonge les délais et complexifie les résultats.

Co-construire les statistiques avec les utilisateurs

Néanmoins, à l’heure où les sources de statistiques se diversifient, les statisticiens ont l’intuition que le dialogue avec les usagers doit s'intensifier pour re-légitimer les statistiques publiques.

« Les défis sont trop importants pour que le développement de la statistique soit laissé aux seuls producteurs », explique Thierry Paccoud. « Il faut vraiment une association, une entente, une compréhension, qui permettent de conforter la statistique publique dans son rôle de pourvoyeur d’information et d'aide à la prise de décision », ajoute-t-il.

C’est notamment pour garantir l’utilité des données qu’il est essentiel de prendre en compte les besoins des utilisateurs. Mais s’il est acquis que le dialogue ne peut plus être à sens unique, le défi reste d’identifier les moyens les plus adaptés pour engager les usagers dans l’élaboration des statistiques publiques.

 

Expertise France mène actuellement 16 projets dans le domaine des statistiques, tels que le Pan-African Statistics Programme dans les Etats membres de l’Union africaine, MEDSTAT IV dans 10 pays méditerranéens ou encore le projet COMPASS dans ceux de l’Asean (Asie du Sud-Est).

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